Ce projet pilote, visant à éradiquer les cultures illicites de feuille de coca, plante sacrée des indigènes mais aussi composant de base de la cocaïne, a été lancé en présence du chef guérillero Pastor Alape dans un hameau rural de la municipalité de Briceño (département d'Antioquia, nord-ouest).
"Le programme de substitution volontaire est l'opportunité de contribuer à la paix", a assuré le leader rebelle, devant les habitants de Pueblo Nuevo et quelque 500 paysans venus de toute la commune. "L'édification de la paix, avec la participation du peuple, est en marche", a-t-il ajouté, selon un communiqué de la présidence.
Pastor Alape est l'un des dirigeants des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) qui siègent à la table des négociations de paix menées avec le gouvernement du président Juan Manuel Santos, depuis novembre 2012 à Cuba, et qui sont dans leur dernière ligne droite.
Dimanche, il a expliqué aux cultivateurs les détails de ce programme de substitution des plantations illicites de coca, qui va être mis en oeuvre dans 10 zones de la municipalité.
"C'est une opportunité pour que le gouvernement et la communauté initient ensemble un développement alternatif et évitent le recours aux plantations de coca", a déclaré pour sa part le haut conseiller du gouvernement pour le Post-conflit, les Droits humains et la Sécurité, Rafael Pardo, également présent.
"Ce que nous avons fait aujourd'hui, c'est générer la confiance" pour impulser le "développement de la communauté à partir de l'élimination des cultures illégales", a-t-il ajouté.
L'accord signé par les Farc et le gouvernement prévoit l'installation d'un groupe de travail chargé d'élaborer une procédure spécifique pour l'éradication des cultures de coca, qui devra inclure un plan d'"attention immédiate aux communautés concernées".
Les FARC de leur côté "assument la responsabilité d'éradiquer volontairement ces cultures dans lesquelles ce groupe a été impliqué d'une manière ou d'une autre" et les paysans "s'engagent dans la substitution des plantations illégales et à ne pas en semer à nouveau", précise le communiqué.
Des organismes tels que les Nations unies accompagneront ce programme, ainsi que l'Organisation internationale des migrations (OIM), des migrants clandestins servant souvent de "mules" pour sortir la drogue de Colombie.
- Demande de meilleures infrastructures -
Autour de Pueblo Nuevo, zone accessible seulement par des pistes tortueuses et où la coca pousse partout, les paysans ont posé des conditions à leur acceptation du projet: de nouvelles routes afin de pouvoir acheminer leurs récoltes et de meilleures écoles pour leurs enfants.
Lors des débats engagés dimanche dans ce hameau, certains ont aussi proposé que soit étudiée la possibilité de conserver certaines plantations de coca, mais à des fins légales.
"On peut chercher des alternatives pour les feuilles de coca comme produit licite", a déclaré à l'AFP Fabio Muñoz, un agriculteur qui a proposé aux autorités d'utiliser les cultures existantes pour l'élaboration de remèdes médicinaux, comme il en vend lui-même déjà.
Mais c'est apparemment un cas isolé dans ce hameau, où il est courant de lire sur les murs des maisons des slogans tels que "Farc présentes" et où les villageois admettent que jusqu'à présent ils ne pouvaient vendre leur récolte qu'aux rebelles.
Ce plan de substitution des cultures illicites accepté par la guérilla - issue en 1964 d'une insurrection paysanne contre l'appropriation des terres par les grands propriétaires - est inclus dans un accord global contre le trafic de drogue.
Les Farc et le gouvernement ont en outre signé des agréments sur le déminage, également effectué avec l'appui des insurgés, de développement rural et de dédommagement des victimes.
La Colombie est le premier producteur mondial de feuilles de coca, avec 96.000 hectares de plantations, et a produit 646 tonnes de cocaïne en 2015, selon le dernier rapport de l'ONU publié cette semaine.
Ce pays est meurtri depuis plus d'un demi-siècle par un conflit armé qui, au fil des décennies, a impliqué plusieurs guérillas d'extrême-gauche, des milices paramilitaires d'extrême-droite et forces armées, sur fond de violence des narco-trafiquants, faisant au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
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