Les forces de l'ordre ont procédé à plus de 200 interpellations dans plusieurs villes de Etats-Unis lors de manifestations dans la nuit de samedi à dimanche, dans un contexte de vives tensions entre Noirs et policiers, selon la police et les médias.
Ces arrestations sont intervenues 48 heures après qu'un ancien soldat noir a ouvert le feu sur des policiers de Dallas, tuant cinq d'entre eux et en blessant sept autres.
Cet ancien soldat nommé Micah Johnson et âgé de 25 ans, qui a été tué par la police, avait "d'autres projets dévastateurs", a révélé le chef de la police de Dallas David Brown, au vu de l'arsenal de guerre trouvé chez lui.
La police sait désormais qu'il préparait une attaque depuis longtemps et que la tuerie de jeudi n'était qu'un premier essai.
Les enquêteurs pensent que "le suspect savait manier les explosifs et que le matériel découvert était si important qu'il aurait pu avoir des effets dévastateurs dans notre ville et dans le nord du Texas", a déclaré le chef de la police de Dallas à CNN.
- Nervosité ambiante -
Signe de la nervosité qui continue à régner, l'archipel des Bahamas, dont plus de 90% de la population est noire, a appelé dimanche ses citoyens en vacances aux Etats-Unis à faire preuve de prudence en présence de la police.
Le président Barack Obama se rendra mardi à Dallas, où il s'exprimera lors d'une cérémonie œcuménique, a annoncé dimanche la Maison Blanche.
L'"unité" de la communauté de Dallas "reflète qui nous sommes en tant qu'Américains" face à ces événements éprouvants, a déclaré M. Obama, qui doit rencontrer en privé les familles des victimes.
Le vice-président Joe Biden sera également présent à la cérémonie, tout comme l'ancien président républicain et ancien gouverneur du Texas George W. Bush, qui devrait prendre la parole, avec son épouse Laura.
Mais les manifestants qui se sont rassemblés samedi soir voulaient, eux, rendre prioritairement hommage aux Noirs abattus par des policiers, après deux décès en Louisiane et dans le Minnesota filmés par des témoins.
Ces vidéos ont été visionnées des millions de fois sur internet et ont choqué l'opinion publique.
Un autre Noir a succombé après avoir été touché par des tirs policiers samedi à Houston (Texas). Alva Braziel portait une arme de poing qu'il a refusé de lâcher, a assuré la police citée par la presse.
Plus de 500 personnes ont déjà été tuées par balle par la police en 2016 aux Etats-Unis, selon une base de données compilée par le Washington Post.
Philando Castile en fait partie. Cet employé de cantine scolaire a été mortellement blessé mercredi sur une route de Saint Paul, lors d'un banal contrôle routier.
Un total de 21 agents maintenant l'ordre dans cette ville du Minnesota ont été blessés dans la nuit de samedi à dimanche, ont indiqué les autorités, quand une manifestation a dégénéré. Un total de 102 personnes ont été interpellées.
- Tolérance zéro -
"Cela n'a rien à voir avec le deuil, cela n'a rien à voir avec une manifestation, cela s'appelle une émeute", a déclaré le maire de Saint Paul, Chris Coleman.
Une autre manifestation tendue s'est déroulée à Baton Rouge, ville de Louisiane où un Noir, vendeur de CD à la sauvette, a été plaqué au sol par deux policiers avant d'être abattu mardi à bout portant. Plus de 100 personnes ont été interpellées selon la presse locale citant la police.
Lors de ce rassemblement, Deray McKesson, une figure du groupe "Black Lives Matter" (les vies des Noirs comptent), mouvement à la pointe des dénonciations des bavures policières à l'encontre des Noirs, a filmé en direct sa propre arrestation.
"La police nous a provoqués toute la nuit", a affirmé ce militant très actif sur les réseaux sociaux.
"L'heure a sonné de dire +trop, c'est trop+!", a réagi sur CNN dimanche Cornell William Brooks, le président de la NAACP, la plus grande organisation de défense des Noirs américains.
"Un jeune Noir court 21 fois plus de risques qu'un Blanc de perdre la vie en étant confronté à la police", a-t-il affirmé.
Dimanche depuis Madrid, le président Obama a renouvelé ses appels au calme, en précisant que les attaques contre les policiers "desservent la cause" de ceux qui s'inquiètent légitimement des carences du système judiciaire américain.
Le tireur "dément" qui a endeuillé jeudi soir cette grande ville du Texas ne représente ni les Noirs américains, ni "l'esprit avec lequel nous devons aller de l'avant", avait déclaré la veille à Varsovie M. Obama.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.