Sur les Champs-Elysées, sous le maquillage bleu blanc rouge, les mines sont défaites. "On a mal au coeur, on voulait tellement que la France gagne", soupire Ali Özbek.
Mais plus loin, Serge Andrade et Annissa Riani, 17 ans, courent à perdre haleine avec leurs drapeaux portugais au vent. "Trop heureux, c'est que du bonheur !", crient-ils. "Surtout après que les Français aient dit que notre jeu était dégueulasse ! On nous a tous sous-estimés !", lance Serge. Les deux n'ont qu'une chose en tête: "fêter ça avec toute la communauté portugaise ici !"
Sur la place de l'Etoile, la circulation est bloquée et c'est un concert de rugissements de moteurs et de klaxons. Les CRS empêchent l'accès à l'Arc de Triomphe, nargués par des jeunes, dont certains brandissent aussi quelques drapeaux algériens.
Plus tôt, la soirée a été ternie à Paris par des incidents, quand des supporters ont tenté d'entrer dans la fan zone de la Tour Eiffel fermée dès 19H00 car pleine à craquer (plus de 90.000 spectateurs). Certains ont jeté des projectiles, brûlé des détritus ou des scooters, et les forces de l'ordre les ont repoussés à l'aide de gaz lacrymogène et de canons à eau.
Côté supporters, on a eu beau entonner en choeur la Marseillaise et scander "Allez les bleus", rien n'y a fait. La France n'a pas marqué.
Raihane Braud, drapeau français sur les épaules, était venu d'Auxerre spécialement pour la finale: "J'ai pas pu vivre le Mondial 98, j'avais 3 ou 4 ans. Alors j'aimerais au moins gagner l'Euro", implorait-il.
- Consternation -
Le but d'Eder en prolongation a achevé d'éteindre les espoirs tricolores. On encourage encore les Bleus mais à Paris, Nathan et Mathieu n'y croient plus: "Il reste 5 minutes c'est mort", lâche le second, âgé de 27 ans.
A Marseille, l'ambiance se refroidit d'un coup et certains n'attendent même pas la fin pour quitter la fan zone. Au coup de sifflet final, les bars du Vieux-Port qui retransmettaient le match se vident eux aussi en quelques minutes.
Les Français le désiraient avec ferveur, ce triomphe en finale. Une "victoire, pour le moral", après une année marquée par les attentats, comme le résumait Brice Ngando, 21 ans. "Cela n'effacera pas les mauvais souvenirs de 2015 mais ça nous fera avancer un peu...".
A la fin de la rencontre, c'est la consternation et l'abattement. Assis sur un banc, enveloppé dans son drapeau tricolore, Olivier Zanetti a le visage fermé. "Je sais pas quoi dire. On aurait dû plus se méfier du Portugal. Les Français je les ai trouvés fatigués, ils ont joué par à-coups. La déception est trop forte pour qu'on aille faire la fête".
"C'est ça, c'est le football, hein", lâche fataliste un homme croisé à Rennes, où la foule a là aussi quitté rapidement les bars du centre historique et l'esplanade Charles de Gaulle, où un écran géant avait été dressé.
A Mâcon, fief d'Antoine Griezmann, le sacre du Portugal a été accueilli par les huées et les sifflements des quelque 5.000 supporters réunis dans une salle d'exposition où était retransmis le match. "On est dégoûté, on est triste, on ne comprend pas, on y croyait", déclare Loïc, 21 ans.
"Elle était pour nous la finale, on méritait largement de gagner", renchérit Clément, 22 ans, au bord des larmes. Mais à ses yeux, Griezmann n'a pas démérité: "On est fier de lui et on sera toujours présent pour lui". Par exemple "pour la Coupe du monde en 2018".
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