"Le meilleur moment, c'est quand Gretel pousse la sorcière dans le four et à la fin, quand on peut manger la maison en pain d'épice !", estiment Hugo Rodrigues et Dimitri Guillaume, déguisés vendredi soir en coucou, bec en papier rouge sur le nez et longue cape noire sur les épaules.
Avec leurs camarades de deux collèges et de trois écoles élémentaires du quartier réputé sensible de Planoise, les deux garçons de 12 ans ont répété pendant six mois pour apprendre les comptines en allemand qu'ils chantent à chaque représentation.
"Ouverts à tout, sans a priori ni sur l'opéra ni sur l'allemand", ces chanteurs en herbe étaient ravis de participer à des répétitions "très ludiques" qu'ils attendaient "avec impatience", confie Nathalie Forterre, enseignante à l'école élémentaire Fourier.
Cet opéra-promenade, qui mêle les enfants de Planoise à des artistes professionnels, a été mis en scène par Charlotte Nessi, de l'ensemble Justiniana, d'après le conte allemand des frères Grimm (1812) adapté par le compositeur Engelbert Humperdinck.
Hansel et Gretel, interprétés par deux enfants chanteurs lyriques de Vesoul, sillonnent les rues de Planoise, se rendant de place en place et explorant un grand parc public. Les musiciens de l'Orchestre Victor Hugo accompagnent leurs chants d'opéra.
- 'Emmener l'opéra là où il ne va pas' -
Lancés à leurs trousses, les enfants de Planoise, tantôt chanteurs tantôt spectateurs, sont suivis de près par quelques 200 spectateurs, avec des habitants du quartier qui regardent le spectacle depuis leurs fenêtres.
"Ca change le spectacle de jouer en extérieur, devant un public qui n'a pas l'habitude de voir de l'opéra", constate avec enthousiasme Julia Theulin, 19 ans, jeune chanteuse de l'Ensemble Justiniana dont la vocation est "d'emmener l'opéra là où il ne va pas d'habitude".
La musique classique "n'est pas réservée à quelques-uns, elle ne vient pas d'une grotte de la préhistoire", défend Jérôme Thiebaux de l'Orchestre Victor Hugo. "La musique, quand elle est bien faite, elle attire, comme pour cet opéra", affirme-t-il.
La cité dans son ensemble a été sollicitée pour la création de l’opéra itinérant, notamment par les bailleurs sociaux qui ont diffusé l'information. Environ 25 habitants du secteur ont ainsi mis la main à la pâte pour confectionner la maison en pain d'épice de la méchante sorcière anthropophage.
"Beaucoup de gens se sont investis" et le projet a fait appel aux "talents de tout le monde", se réjouit Louisa, une habitante de Planoise qui a participé à l'atelier cuisine pour fabriquer 130 kg de pain d'épice et des guimauves pour le spectacle.
"Notre quartier a besoin de ce type de projet super fédérateur pour qu'on arrête de dire qu'il n'y a que des dealers et des casseurs dans notre quartier", dit-elle, ajoutant: "Nos enfants peuvent faire autre chose, la preuve !".
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