Le public a chaleureusement applaudi l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck et la soprano albanaise Ermonela Jaho, qui chante la malheureuse Cio-Cio San ou "Madame Butterfly", abandonnée par le lieutenant américain Pinkerton.
Mais dans le rôle de Pinkerton, le ténor américain Bryan Hymel, qui chantait pour la première fois à Orange, a recueilli davantage de sifflets que de bravos, pour une performance jugée médiocre.
En revanche, la généreuse québecoise Marie-Nicole Lemieux, parfaite Suzuki (la fidèle servante de Butterfly) a été très applaudie.
Pour sa mise en scène sur l'immense plateau du théâtre antique, Nadine Duffaut a choisi un jardin d'eau japonais, où les chanteurs circulent sur des terrasses flottantes. Les jeux de lumières sur l'eau et sur la formidable muraille du théâtre antique, les costumes japonais chatoyants participaient de la poésie de la production très classique.
C'est l'ancien directeur du festival, Raymond Duffaut, qui a programmé cet été (et le prochain), mais un nouveau directeur, Jean-Louis Grinda a pris en mai les commandes après les turbulences qui ont secoué au début de l'année le plus ancien festival lyrique de France (1869).
La démission en janvier du président du festival Thierry Mariani, suivie en mars de celle de son directeur depuis plus de 30 ans Raymond Duffaut avait fait peser la menace d'une prise du pouvoir par la municipalité d'extrême droite d'Orange.
"Il y a eu une tentative de prise de la présidence de fait par la ville, dans un coup de force", a rappelé la ministre de la Culture Audrey Azoulay lors d'une rencontre avec la presse vendredi à Avignon. "Nous avons obtenu sous la menace d'un retrait de nos subventions le respect du droit", a-t-elle ajouté, rappelant "avoir été soutenue à l'époque par le président de la région Christian Estrosi". "Pour moi, la situation est normalisée", a conclu la ministre.
- Renouvellement du festival -
Le conseil d'administration des Chorégies d'Orange a élu en mai Christine d'Ingrando à sa présidence, mettant fin à la crise.
De son coté, Jean-Louis Grinda, qui devait succéder en 2017 à Raymond Duffaut, a avancé son arrivée et s'attelle à un renouvellement du festival. Outre le surtitrage, en phase de test cette année pour les deux opéras, Butterfly et "La Traviata" avec Placido Domingo les 3 et 6 août, le directeur veut diversifier la programmation.
"Il faut rajouter un peu de surprises, sortir des sentiers battus comme Traviata, Bohème, Tosca, qu'on a beaucoup vus ces 20 dernières années" a-t-il confié à l'AFP.
Il envisage aussi de proposer de la danse, peut-être avec le festival voisin de Vaison-la-Romaine, du théâtre - "pourquoi pas Racine ou une grande tragédie grecque" - ou des ciné-concerts avec des films de Chaplin.
Les Chorégies sont à un tournant, avec un déficit cumulé de 1,1 million d'euros et des subventions inchangées depuis 20 ans. Le festival est autofinancé à 84%, ce qui impose de choisir des "tubes" du répertoire pour assurer la billetterie et a généré une certaine usure.
Si "La Traviata" affiche complet, ce n'est pas le cas pour Butterfly, dont 5.000 places étaient vendues sur 8.300 samedi soir.
"Madama Butterfly" est retransmis sur France 5 et Culturebox le 13 juillet (en direct sur France Musique le 12 juillet) et "La Traviata" est diffusé en direct sur France 3 et Culturebox le mardi 3 août.
Les Chorégies présenteront l'an prochain "Rigoletto", "Aida" et la Neuvième symphonie de Beethoven avec Chung Myung-whun à la baguette.
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