"Merci et on ne lâche rien", proclamait une grande banderole jaune surmontant deux caravanes à l'entrée du "camp", un grand champ situé dans le nord-est de la ZAD, la zone d'aménagement différé rebaptisée "zone à défendre" par les opposants, que le gouvernement a dit vouloir évacuer dès l'automne, après que les électeurs de Loire-Atlantique ont dit "oui" à l'aéroport à 55,17% des voix le 26 juin.
Des pancartes et affichettes représentant l'emblématique avion barré d'une croix rouge ont été disséminées un peu partout, jusque dans les toilettes sèches, sur le lieu de rassemblement d'environ six hectares. Au coeur du site, une banderole avertit: "Ni travaux, ni expulsion, l'aéroport c'est toujours non".
Venu "un peu en curieux" de Brest (Finistère), Jean-Yves participe à son premier rassemblement annuel estival des opposants, qui fête sa 16e édition, et a pu se faire "une appréciation un peu plus précise de ce que pouvait être la ZAD" et Notre-Dame-des-Landes, un lieu de "grande créativité".
Baptême aussi pour Hugo, arrivé de Bordeaux pour "prouver qu'il y a encore des gens contre cet aéroport". Cette mobilisation est "d'autant plus symbolique au lendemain de la consultation", ajoute le jeune homme, "prêt à revenir" en cas d'évacuation par les forces de l'ordre.
Catherine, Charentaise de 72 ans, qui en est à sa sixième participation, estime que la "détermination" des opposants, "montée en puissance" depuis le début de l'année et les expulsions prononcées contre les habitants et agriculteurs "historiques" vivant encore sur le site du futur aéroport, "est encore plus grande", deux semaines après le verdict des urnes.
- 'Pas en péril' -
"Ce n'est pas parce que plus d'habitants ont voté pour le transfert (de l'actuel aéroport nantais à Notre-Dame-des-Landes, ndlr) qu'il doit se faire. Beaucoup de ceux qui ont voté pour ont finalement voté contre les zadiste", juge Florian, 26 ans, venu en voisin apporter son "soutien aux occupants de la ZAD comme aux habitants".
A la mi-journée, des files commençaient à se former devant les stands de restauration - dont beaucoup proposaient des plats végétariens - et les bars faits avec des ballots de foin. Entre deux débats, annoncés au fur et à mesure par haut-parleur, certains festivaliers, pour beaucoup venus en famille ou entre amis, profitaient d'un coin d'ombre pour une petite sieste, pour jouer au badminton ou au ping-pong.
Plusieurs concerts étaient également programmés dans la soirée, ainsi qu'une traditionnelle "occupation du ciel", avec l'envol de 500 lanternes.
"On n'a même pas appelé à venir résister. Les gens viennent ici parce que c'est notre rendez-vous annuel. On a envie de parler ensemble, de débattre ensemble (...). On est vraiment dans cet esprit-là et certainement pas dans l'esprit de venir ici sauver la ZAD parce que la ZAD n'est pas pour nous en péril", a assuré Dominique Fresneau, coprésident de l'Acipa, principale association d'opposants au projet de nouvel aéroport.
"Ça n'a jamais eu autant de sens d'être ici", soulignait pour sa part le député européen d'Europe Écologie-Les Verts (EELV) Yannick Jadot, pour lequel la consultation sur l'avenir du projet "crée davantage de tensions qu'elle ne résout des problèmes". "Le pays est sous tension. François Hollande comme Manuel Valls ne doivent pas rajouter de la tension à la tension", en promettant d'"envoyer des milliers de gardes mobiles" pour évacuer la ZAD, a-t-il ajouté, avant d'aller animer un débat.
La Coordination des opposants, qui regroupe une cinquantaine d'organisations et partis politiques, "fera les comptes" de la mobilisation dimanche soir. Et a déjà donné rendez-vous pour la 17e édition, "le premier week-end de juillet 2017".
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