C'est lors d'une mission humanitaire dans l'ex-Yougoslavie ravagée par la guerre, à 17 ans, que ce natif de Toulouse a découvert sa vocation : "je ne m'étais jamais senti aussi épanoui qu'en me rendant utile. En rentrant, j'ai choisi flic".
Fils d'une mère directrice d'école "qui aimait enseigner en ZEP"
Pendant 15 ans, dans les commissariats du 93, viols, deal et braquages ont été son lot quotidien. Avec ses polars, le lieutenant Olivier Norek, flic "ovni" de 40 ans "élevé à la tolérance", entend pourtant rendre justice à un département "qu'on écrase du pied".
C'est lors d'une mission humanitaire dans l'ex-Yougoslavie ravagée par la guerre, à 17 ans, que ce natif de Toulouse a découvert sa vocation : "je ne m'étais jamais senti aussi épanoui qu'en me
et d'un père énarque, passé par plusieurs ministères et la direction de Radio France, Olivier Norek, regard bleu perçant et barbe de trois jours, dit avoir été "élevé à la tolérance". Et se définit comme un flic "ovni", même s'il "en a rencontré beaucoup d'autres".
Son dernier roman, l'efficace "Surtensions", vendu à 25.000 exemplaires depuis sa sortie en mai, mêle banditisme corse et délinquance ordinaire sur fond de faillite du système carcéral et de justice indigente, dans un tribunal sinistré : Bobigny.
Pour autant, ce n'est "ni aigri ni cassé" que le policier a pris la plume pour composer le personnage du capitaine Coste, héros de ses trois romans publiés chez Michel Lafon. Une sorte d'alter ego hypersensible, "en plus grand et plus costaud", rigole-t-il.
Lui qui n'avait jamais rien écrit d'autre que des lettres et décroché un 5/20 au bac de Français a sauté le pas à l'occasion d'un concours de nouvelles sur le site aufeminin.com. Résultat, un troisième prix.
Une "chasseuse de talents" l'invite alors à persévérer: "elle m'a conseillé de garder ma sensibilité féminine pour raconter le côté +mâle+ du 93".
"J'ai pris ça comme une opportunité de passer tranquillement la crise de la quarantaine : au lieu de m'acheter une voiture rouge, je me suis mis à écrire alors que je travaillais toujours au SDPJ (Service départemental de police judiciaire) de Seine-Saint-Denis", à Bobigny.
- 'Flic' avant tout -
Écrire certes, mais en militant : "1.800 polars sortent chaque année : ils racontent en général l'histoire d'un flic qui poursuit un psychopathe et finit par l'avoir. J'ai voulu que mes livres soient des chevaux de bataille, des tribunes pour défendre la Seine-Saint-Denis", explique-t-il.
"Même si je préfère les collines, les montagnes et les rivières, je me suis fait le défenseur du 93: on ne peut pas écraser du pied ce département qui n'est pas un département de racaille mais un département où 99% des gens essaient de vivre correctement", plaide celui qui vit à Pantin, ville qui connaît un lent phénomène de gentrification.
Son premier roman, "Code 93", paru en 2013, raconte comment les autorités tentent de trafiquer les chiffres de la délinquance pour faire entrer la Seine-Saint-Denis dans le Grand-Paris. La même année, il se met "en disponibilité" pour écrire "Territoires", récit des connivences entre une bande de voyous et une mairie fictive du 93 - "tout est vrai", dit-il.
Depuis, il accumule les projets : après avoir collaboré à l'écriture de la saison 6 de la série policière "Engrenages" et co-signé le scénario d'un téléfilm sur la traque de Guy Georges, il travaille à son prochain roman et sur un long métrage. Sollicité pour écrire sur le jihadisme, il refuse de "jouer les pompiers pyromanes".
Toujours en retrait des commissariats, le "flic-écrivain" reste toutefois "flic" avant tout. Face au désamour dont semblent victimes ses collègues, il défend des hommes qui depuis deux ans ont enchaîné "attentats-Calais-attentats-Nuit debout-loi Travail" et "reçoivent des bouteilles d'acide chlorhydrique, des pales d'hélice et des cocktails molotov". "Ils ont un sang-froid incroyable, dans bien d'autres pays ça aurait tourné à la boucherie".
Il aimerait que "tous ces flics voient l'amour" qu'il reçoit "en tant que flic-écrivain" quand il poste sur Facebook des messages de soutien à ses collègues. "Mais eux ne se prennent que des coups dans la gueule".
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