La peine la plus lourde a été prononcée contre Karim Mohamed-Aggad dont le frère Foued, qui était du voyage en Syrie, a été identifié comme l'un des kamikazes du Bataclan lors des attentats du 13 novembre.
Leurs condamnations, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, sont assorties d'une période de sûreté des deux tiers. Le tribunal correctionnel de Paris a en outre ordonné leur inscription au fichier des auteurs d'infractions terroristes, lancé vendredi dernier.
Ils sont ainsi les premiers à y figurer, en tout cas à l'issue d'une condamnation.
Radouane Taher, décrit par le parquet, avec Karim Mohamed-Aggad, comme un animateur du groupe qui a pris contact avec le recruteur Mourad Fares, a été condamné à huit ans d'emprisonnement. Tout comme les frères Ali et Mohamed Hattay, qui pour le procureur ont été "piégés" par un passeur qui les a livrés à la police turque. Miloud Maalmi, Mokhlès Dahbi et Banoumou Kadiakhe, qui ont passé le moins de temps en Syrie, deux mois, ont été condamnés à sept ans de prison pour les deux premiers, six pour le troisième.
Les peines prononcées sont inférieures aux réquisitions du parquet qui avait demandé des condamnations de huit et dix ans de prison.
"Nous pensons faire appel", a déclaré l'avocate de Karim Mohamed-Aggad, Françoise Cotta. A ses yeux, c'est "un tribunal aux ordres qui a rendu une décision de peur dans une France qui a peur".
Pour l'avocat de Radouane Taher, Xavier Nogueras, "on punit la potentialité d'un danger", les juges "n'ont pas regardé ce qu'ils sont devenus entre-temps".
- "Approche radicale" -
Les sept prévenus, âgés de 24 à 27 ans, "savent très bien que leur sort dépend un peu de ce qui se passe à l'extérieur", a ajouté l'avocat.
Lors du procès, qui s'est tenu sur dix jours fin mai début juin, les prévenus, certains portant une barbe fournie et affichant un sourire parfois goguenard, d'autres aux joues rasées et la mine sombre, se sont efforcés avec leurs avocats de dissiper l'ombre des tueries du 13 novembre.
Les jeunes gens étaient répartis en deux box, l'un rassemblant quatre prévenus barbus, les plus sévèrement visés dans les réquisitions; l'autre, trois hommes glabres. Tous ont souligné être rentrés en France après deux à trois mois en Syrie pour ne pas prendre part aux combats entre groupes rebelles.
Ils ont essayé de convaincre le tribunal que s'ils étaient bien partis pour "combattre" le régime syrien et rejoindre leur recruteur Mourad Fares, ils n'avaient pas voulu spécifiquement rallier le groupe jihadiste Etat islamique (EI). L'un a assuré que leur expédition n'avait qu'un "vernis religieux".
"C'est cher payé", avait dit au dernier jour du procès Karim Mohamed-Aggad en parlant des dix années requises contre lui, ajoutant: "On essaie de faire peur aux gens".
"Qu'on vienne me démontrer qu'il présente un danger réel en matière de terrorisme en France", avait plaidé Me Cotta en désignant son client, prévenu le plus scruté du procès.
Karim Mohamed-Aggad est en prison en France - les sept Strasbourgeois ont été interpellés en mai 2014 - quand son frère est resté auprès de l'EI. Il dit alors à Foued: "C'est toi qui me devances auprès d'Allah." Et aussi: "Je sens que le produit +daechien+ pénètre dans mes veines".
Un rapport de détention, très critiqué par sa défense, présente le jeune homme de 25 ans à la barbe épaisse et aux boucles lustrées comme un "patron" en détention.
Dans son jugement, le tribunal a considéré que persistait chez lui une "approche radicale".
La constitution de partie civile de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT) a été rejetée.
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