La livre sterling a enfoncé le plancher symbolique de 1,30 dollar pour une livre mercredi pour tomber à 1,2944 vers 07H00 GMT, son plus bas niveau depuis mi-1985.
Car les premiers effets économiques concrets du spectaculaire vote des Britanniques pour quitter l'Union européenne commencent à se faire sentir.
Lundi et mardi, trois fonds immobiliers britanniques ont brutalement suspendu leur activité face à l'afflux des demandes de retraits d'investisseurs inquiets.
La croissance du secteur des services, prépondérant au Royaume-Uni, a de plus fortement ralenti en juin, selon des données compilées avant et après le vote historique du 23 juin, et Mark Carney, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, omniprésent depuis le référendum pour tenter d'apaiser les marchés, a incité mardi les banques à ouvrir les vannes pour soutenir une économie britannique en proie aux craintes de récession.
Les marchés financiers semblaient avoir plutôt bien encaissé le choc de ce référendum pour lequel ils espéraient une autre issue, mais les fissures sont bien réelles et des voies d'eau commencent à apparaître.
"Juste quand nous pensions être revenus dans des eaux plus calmes, la livre se fait marteler", relevait Stephen Innes, trader de OANDA Asia Pacific.
"Nous voyons un semblant d'effet domino sur les actifs exposés à la livre sterling, et plus généralement sur les actifs risqués à travers le monde", analysait mercredi matin Michael Hewson de CMC Markets.
- 'Carnage' obligataire -
Les investisseurs inquiets recherchent frénétiquement des placements sûrs, comme du yen ou des obligations, une ruée qui provoque mécaniquement une baisse du rendement de ces dernières.
"Le mot est fort, mais il correspond exactement à ce qui est en train de se passer sur les rendements des obligations d'Etat: un carnage", relevait John Plassard, directeur adjoint du courtier Mirabaud securities.
Le graal obligataire, le Bund allemand, s'est enfoncé à des niveaux jamais vu en territoire négatif, à -0,19%.
Mercredi, pour la première fois, le taux de l'obligation japonaise à 20 ans a basculé en territoire négatif, et le rendement de l'obligation américaine à 10 ans, toujours positive, continuait à reculer après avoir touché la veille un plus bas historique.
Dans ce contexte, les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge. Paris a ouvert en repli de 0,87%, Francfort de 0,87%, Londres de 0,23%, tandis qu'en Asie, Tokyo a fini en baisse de 1,85% après avoir perdu près de 3% peu après l'ouverture.
Au-delà du Brexit, un autre élément pèse sur les marchés: les banques italiennes.
Elles se font laminer en Bourse et les investisseurs se demandent avec de plus en plus d'insistance si elles ne seront pas le déclencheur d'une nouvelle crise financière en zone euro, d'autant que semble exister un désaccord profond entre le chef du gouvernement italien Matteo Renzi et ses partenaires européens sur la manière dont il faudra les renflouer.
"Renzi a raison, il y a un problème bancaire", écrit dans une tribune dans le Financial Times Philipp Hildebrand, vice-président de BlackRock, le plus gros gestionnaire d'actifs au monde.
Rome a engagé des discussions avec l'Union européenne pour soutenir son système bancaire. Mais l'UE, et l'Allemagne notamment, exigent que les solutions adoptées respectent les règles sur les aides d'Etat.
Concrètement, les nouvelles règles exigent que les actionnaires, créanciers et déposants d'une banque, payent pour la sauver, tandis que l'Italie préfèrerait un sauvetage public, moins douloureux pour l'opinion publique.
Il y a là un "cocktail empoisonné, qui peut potentiellement mettre le système bancaire européen à genoux, et pour l'instant, il semble que les politiques n'ont pas la moindre idée de la manière dont ils peuvent régler le problème", estime M. Hewson.
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