Pour les victimes et leurs proches, qui disaient avoir "mille questions" dès la première séance publique, le 15 février, c'est le moment attendu "des réponses".
Le soir du 13 novembre, Paris vit trois heures de carnage au Bataclan, aux terrasses de bars et restaurants parisiens, et aux abords du Stade de France à Saint-Denis. Bilan, 130 morts, 496 blessés. Dix mois plus tôt, le 7 janvier 2015, les frères Chérif et Saïd Kouachi faisaient irruption dans les locaux de Charlie Hebdo et abattaient froidement douze personnes. Le lendemain, Amédy Coulibaly tuait une policière municipale à Montrouge, en banlieue parisienne, et quatre Juifs le 9 janvier dans un supermarché casher de l'est parisien.
Parmi les auteurs de ces attaques, ceux de nationalité française étaient connus des services judiciaires, pénitentiaires ou de renseignement. Ils avaient tous été fichés, contrôlés, écoutés ou incarcérés pendant le parcours qui a mené à leur radicalisation.
Comment ces personnes radicalisées ont-elles pu échapper à la surveillance des autorités? Comment leurs plans n'ont-ils pas été déjoués? Les services de renseignement ont-ils été défaillants?
Après les attaques contre Charlie Hebdo, le Premier ministre Manuel Valls l'avait reconnu: "quand il y a 17 morts, c'est qu'il y a eu des failles."
- 'Ni procureurs, ni juges' -
Mais quelles leçons tirer de ce constat? Comment deux tueries de masse ont-elles pu être perpétrées à dix mois d'intervalle? Pourquoi le Bataclan n'était pas sous surveillance alors que des menaces avaient été proférées plusieurs années auparavant contre cette célèbre salle de spectacles parisienne et transmises aux services de sécurité?
La commission d'enquête parlementaire sur "les moyens mis en œuvre par l'État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015" doit tenter de répondre à ces questions.
"Nous ne sommes ni des procureurs ni des juges, nous n'accusons ni ne jugeons", prévenait son président Georges Fenech dès l'ouverture des travaux, laissant le champ à l'enquête judiciaire. "Nous sommes des commissaires d'enquête, dont l'objectif est d'établir la vérité et d'en tirer des propositions pour que le gouvernement prenne les dispositions qui s'imposent pour remédier à ce qui ne va pas", ajoutait le député du parti Les Républicains.
Pour les victimes et les proches des personnes tuées le 13 novembre, les "dysfonctionnements" ont été nombreux, notamment pendant l'intervention des forces de l'ordre le soir des attaques, dans la prise en charge des blessés par les services de secours ou encore pour l'identification des corps et des blessés. Sans compter le parcours du combattant administratif pendant des mois après le drame.
Le couple formé par Georges Fenech avec le rapporteur de la commission, le député socialiste Sébastien Pietrasanta, entend s'assurer de l'application totale ou partielle des 39 propositions qui devaient être votées mardi matin, avec la création d'une commission de suivi.
C'est la troisième commission de ce type à l'Assemblée nationale. En 2013, une commission d'enquête avait été conduite par le député socialiste Christophe Cavard et l'actuel ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas, après les tueries de Mohamed Merah en mars 2012 à Toulouse et Montauban.
En juin 2015, une autre commission s'était penchée sur les filières jihadistes. Sa principale recommandation, la création d'un registre européen des passagers aériens, a finalement été adoptée par l'Union européenne le 14 avril, soit dix mois plus tard. Entretemps, la même cellule jihadiste du 13 novembre avait frappé la capitale belge, tuant 32 personnes.
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