Une peine de quatre ans de prison, dont deux et demi ferme, a été requise à son encontre.
Poursuivi pour huit délits, l'ex-policier encourt dix ans de prison. Il a déjà effectué huit mois de détention provisoire, ce qui pourrait lui permettre de ne pas retourner derrière les barreaux, sa hantise, en bénéficiant d'un aménagement de peine, si le tribunal suit le parquet.
La justice le soupçonne d'avoir fourni des informations confidentielles à des membres du milieu lyonnais, présentés comme des "indics", en échange d'avantages, de cadeaux et d'argent liquide, et d'avoir prélevé sa dîme sur des saisies de stupéfiants pour rétribuer des informateurs.
L'affaire avait créé un traumatisme dans la police. Après trente-deux ans de carrière dont vingt à la tête de la prestigieuse brigade antigang de Lyon, Michel Neyret, adulé par ses équipes et ses supérieurs et décoré de la Légion d'honneur pour ses résultats, était une légende au moment de sa chute.
Durant le procès, l'ex-policier a reconnu s'être perdu dans la gestion de ses "indics". Selon lui, les cadeaux reçus provenaient d'informateurs devenus des amis qui voulaient lui "faire plaisir". Sur les prélèvements de stupéfiants, il a assumé cette pratique pour fidéliser des "indics" tout en affirmant, sans convaincre, n'y avoir eu recours qu'à une seule reprise pour 300 grammes de résine de cannabis.
"Ce procès n'est pas celui de la PJ, mais d'une philosophie, d'un système qui est celui de Michel Neyret", a estimé dans ses réquisitions la procureure Aude Duret. "Et ce système peut se résumer ainsi: la fin justifie les moyens", a ajouté sa consœur, la procureure Annabelle Philippe.
- "Villa d'un escroc" -
Dans le volet corruption, Neyret s'est transformé, pour Annabelle Philippe, en "informateur policier" de ses indics. "Qu'a-t-il obtenu en retour? Rien... à l'exception d'avantages en nature, de nombreuses rétributions."
"Dix voyages, des séjours dans la villa d'un escroc avec prêts de voitures de luxe et masseuses (...) deux montres de luxe (...) des remises d'espèces (...) et, ultime étape de la corruption, la création d'une société offshore en rétribution des services rendus", a-t-elle énuméré.
Sur la drogue, elle s'est interrogée: "Est-on un grand flic quand on demande à ses subordonnés de commettre des infractions, quand on met le monde judiciaire à l'écart, quand on est le seul à définir les règles?"
"Oui, Michel Neyret a commis des fautes, des maladresses et s'est laissé enfumer par des voyous qu'il voulait infiltrer. Mais est-ce que cela mérite la peine requise, je ne le pense pas", a plaidé Gabriel Versini-Bullara, l'un des avocats du policier. "La voix de Michel Neyret n'est pas celle d'un homme corrompu (...) son action a toujours été dirigée par la volonté d'obtenir des résultats", a ajouté l'avocat, insistant sur "la relation atypique" qu'entretiennent policiers et "indics".
Les représentantes du ministère public ont réclamé des peines de cinq ans de prison ferme avec mandat d'arrêt à l'encontre des corrupteurs présumés de Neyret actuellement en fuite, Stéphane Alzraa et Gilles Benichou, avec 250.000 euros d'amende pour le premier et 100.000 pour le second.
Deux mois avec sursis ont été requis contre un autre escroc présumé, Cyril Astruc.
Contre les trois subordonnés de M. Neyret soupçonnés de l'avoir aidé en détournant des scellés de drogue, le parquet a demandé du sursis: dix mois pour le commandant Gilles Guillotin, huit mois pour le commissaire Christophe Gavat et six mois pour le capitaine Jean-Paul Marty.
Les procureures ont enfin réclamé 12 mois avec sursis contre Nicole Neyret, pour avoir profité des largesses des "amigos" de son mari, et 10.000 euros d'amende contre l'avocat lyonnais David Metaxas pour trois violations du secret de l'enquête et de l'instruction.
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