Le poète, cité plusieurs fois pour le prix Nobel, est décédé vendredi, a-t-on précisé de même source, confirmant des informations de presse.
Auteur de plus de 100 livres, traduit en une trentaine de langues, il a été lauréat en France du Grand prix de poésie 1981 de l'Académie française, du prix Goncourt 1987 de la poésie et a remporté le prix mondial Cino del Duca 1995.
"La poésie était pour lui une aventure de l'esprit, et la plus noble", a souligné Isabelle Gallimard, directrice du Mercure de France, chez qui il avait publié "L’écharpe rouge" en 2016. "Désormais ses livres nous font escorte à voix haute, à voix basse, modulant un phrasé, un rythme de sereine lucidité, entre tous singulier."
Nombre de personnalités ou d'admirateurs dans le monde entier ont salué sa mémoire, en citant ses vers sur les réseaux sociaux.
"Le monde littéraire vient de perdre l'un de ses plus grands poètes", a réagi Audrey Azoulay, ministre de la Culture, qui avait "eu le bonheur de le saluer lors du Printemps des poètes, il y a quelques semaines encore".
"L'œuvre d'Yves Bonnefoy entretenait un rapport aigu entre poésie et réflexion", a-t-elle souligné. "Il y avait chez Bonnefoy absence de toute nostalgie. A la fin, Bonnefoy écrivit: +Il faut, autrement dit, réinventer un espoir+", a ajouté la ministre.
"Le chant délicat de la poésie d'Yves Bonnefoy nous accompagnera toujours car +le blé qui va lever ici sera le pain de nouveaux échanges+", a écrit sur Twitter l'ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti.
"+...Et nos pas allaient nus dans l'herbe sans mémoire, nous étions l'illusion qu'on nomme souvenir+. C'était - c'est - Yves Bonnefoy, poète", a tweeté l'ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob.
"Yves Bonnefoy, c'est à la fois l'un des très grands poètes de la fin du surréalisme français, qui a constamment travaillé sur le langage, qui a minéralisé progressivement sa poésie. Et en même temps, ça a été un regard unique sur la littérature et la peinture occidentales", a déclaré pour sa part à l'AFP le ministre de l’Économie Emmanuel Macron, dont c'est "vraiment l'un des poètes préférés".
"C'est rare d'avoir dans les plis d'une vie, autant d'esprit de créativité et d'intelligence. On a beaucoup perdu", a-t-il ajouté.
Né le 24 juin 1923 à Tours (Indre-et-Loire), Yves Bonnefoy a étudié les mathématiques, puis l'histoire de la philosophie et des sciences, avant d'adhérer un temps au surréalisme dont il s'écarte rapidement.
À 30 ans, sa réputation est lancée avec la publication de "Du mouvement et de l'immobilité de Douve", un recueil à contre-courant de l'époque, marqué par le dépouillement et une quête intérieure qui range déjà son auteur parmi les plus grands poètes français.
Il signe ensuite notamment "Hier régnant désert" (1958), "Pierre écrite" (1965), "Dans le leurre du ciel" (1975), "Ce qui fut sans lumière" (1987), "La vie errante" (1993), "L'encore aveugle" (1997) ou "Les planches courbes" (2001).
Très actif en dépit de son âge, on lui devait encore cette année "L'écharpe rouge" ou "La poésie et la gnose".
Sa poésie, grave et généreuse, attentive aux sonorités, avait remporté l'adhésion de la critique et de fidèles lecteurs, séduits par son goût du "sensible" et son refus de "l'abstrait".
Yves Bonnefoy a aussi analysé dans ses ouvrages la poésie des autres ("Notre besoin de Rimbaud"), l'art italien ("Rêve fait à Mantoue", "Rome 1630") ou la peinture ("Giacometti", "Goya, les peintures noires").
C'était enfin le traducteur de l'essentiel du théâtre de Shakespeare, mais aussi de Yeats, Pétrarque ou Georges Seferis.
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