Quand les commandos bangladais ont pris d'assaut le café-restaurant de ce quartier huppé de la capitale 11 heures plus tard, son sol blanc n'était plus qu'une mare de sang parsemée de corps d'étrangers massacrés à l'arme blanche.
Ce café très fréquenté par les expatriés est populaire depuis longtemps auprès des diplomates et de l'élite aisée du Bangladesh.
Vendredi soir, Hasnat Karim avait emmené toute sa famille pour l'anniversaire de sa fille.
Hasnat est trop traumatisé pour dire plus que quelques mots de ce cauchemar, déclarant seulement que les preneurs d'otages "ne se sont pas mal comportés avec nous".
Mais il a raconté à son père Rezaul comment les assaillants, munis de fusils automatiques, de grenades et de machettes artisanales, ont séparé les clients en deux groupes.
"Ils (les étrangers) ont été emmenés à l'étage tandis que les Bangladais restaient autour d'une table", a dit Rezaul Karim.
Dans le chaos et la confusion initiale, de nombreux clients sont parvenus à s'échapper.
Un homme ayant réussi à prendre la fuite a raconté à la chaine indienne ABP que les hommes armés scandaient des slogans quand ils ont forcé l'entrée surveillée par un unique gardien.
"J'ai couru avertir les autres, certains sont parvenus à s'échapper par l'arrière mais les autres se sont retrouvés pris au piège", a-t-il dit sous couvert d'anonymat.
"Ils ont mis les gens en ligne. Il devait y avoir 20 à 25 membres du personnel et 20 à 25 clients, ils ont ensuite éteint les lumières et la vidéosurveillance".
- "Choqués par le carnage" -
Le Bangladesh, dont 90% de la population est musulmane, venait d'entamer une semaine de congés pour profiter des fêtes de l'Aid qui marquent la fin du ramadan.
Dès que la prise d'otages a été connue, la police s'est ruée sur les lieux, engageant une fusillade avec les preneurs d'otages mais elle s'est rapidement retrouvée face à une forte résistance.
"Ils avaient des armes automatiques et des bombes", a expliqué Diego Rossini, un cuisinier argentin qui est parvenu à s'échapper.
"Les otages (qui s'étaient échappés) se sont placés sous la protection de la police", a dit Rossini à la chaine argentine C5N. "J'ai senti les balles passer si près de moi, jamais je n'avais eu aussi peur de ma vie".
Des images diffusées par le groupe Etat islamique (EI), qui a revendiqué l'attaque, montraient deux corps dans une mare de sang.
Les 20 victimes de cette prise d'otages sont des étrangers, pratiquement tous massacrés à coups de machette, a indiqué l'armée.
Plusieurs dizaines d'intellectuels, membres de religions minoritaires et étrangers ont été tués selon le même mode opératoire par des islamistes extrémistes au Bangladesh depuis deux ans.
Un haut responsable des forces de sécurité ayant pris part à l'assaut samedi matin a décrit une scène d'horreur dans le café.
"Nous avons vu du sang un peu partout et avons été choqués par le carnage", a-t-il dit à l'AFP sous couvert d'anonymat.
"Nous avons entendu le gang dire Allahu Akbar et une phrase était écrite sur le mur disant qu'Allah nous conduirait au Jannatul Ferdous (paradis suprême)."
Outre les otages, les corps de six assaillants ont été retrouvés à l'issue de l'assaut des forces antiterroristes.
Tous les agresseurs avaient une vingtaine d'années, selon le responsable des forces de sécurité. "Ils portaient des pantalons à poches multiples contenant des bombes artisanales", a-t-il expliqué.
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