"Je connaissais les nouvelles mesures mais j'ignorais la date", affirme Julien Herlein, prié quelques instants plus tôt par la police de ranger sa voiture sur le bas-côté de la Place de la Nation à Paris.
Le quadragénaire, venu du Val-de-Marne à bord de sa BMW datant de 1996, est en infraction.
Car ce vendredi 1er juillet sont entrées en vigueur les mesures de restrictions de circulation décidées par la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, pour lutter contre la pollution de l'air.
Ainsi, les voitures, essence ou diesel, immatriculées avant le 1er janvier 1997, ne peuvent plus circuler dans Paris (hors bois et périphérique) en semaine de 8H00 à 20H00, de même que les véhicules utilitaires légers d'avant le 1er octobre 1997 et les deux-roues d'avant le 1er juin 1999.
"Aujourd'hui, on ne va pas vous verbaliser. Il va falloir changer de mode de transport ou de véhicule pour venir à Paris en semaine", dit à l'automobiliste le major Eric Junon, responsable de la section des infractions routières.
Le policier est venu avec une trentaine de ses collègues contrôler, mais surtout "expliquer les nouvelles règles", dit-il, brochures de la Mairie de Paris à la main.
"Nous faisons de la pédagogie, jusqu'au premier octobre", ajoute Françoise Hardy, sous-directrice régionale de la circulation et la sécurité routière. Après, ce sera un PV de 35 puis 68 euros en 2017 pour les voitures.
- "C'est totalement idiot" -
Présent à ces premiers contrôles, l'adjoint EELV aux Transports Christophe Najdovski veut lancer un message : "Je ne veux stigmatiser personne. C'est un impératif de santé publique qui nous concerne tous. Nous avons une responsabilité collective", dit-il.
Deborah Cohen, de Fontenay-sous-Bois, qui vient également d'être prise en infraction, est d'accord. Les restrictions sont "une très bonne mesure", dit-elle. "Je trouve que la pollution est assez pénible à Paris. Aujourd'hui, j'ai fait une petite confusion, je croyais que ça démarrait par le diesel. Lundi, ce sera transports en commun", dit la jeune femme qui a déjà l'habitude d'alterner.
Mais pour Julien Herlain qui amène ses enfants à l'école, ces mesures sont "trop contraignantes". "Ce sont toujours les mêmes qui sont sanctionnés. Qu'en est-il des entreprises comme Total qui polluent à outrance ?", dit-il.
David Aubert est "venu chercher du matériel" à Paris avec sa Clio de 1994. Il prendra son camion neuf la semaine prochaine : "Il n'y a pas le choix mais quand même, les 4x4 polluent plus que moi. C'est ça qui ne me va pas".
A l'autre bout de Paris, sur la place de la Concorde, automobilistes et motards ont été appelés à manifester et à éteindre symboliquement leurs moteurs à 8h00. Ils sont une centaine.
"C'est totalement idiot, les voitures ne sont pas polluantes parce qu'elles sont de telle ou telle année, elles le sont éventuellement parce qu'elles sont mal réglées", dit Renaud Siry, porte-parole de l'Udelcim (Union pour la défense de l'égalité et la liberté de circuler motorisé).
Pour Fabienne Janneau, de la Fédération française des motards en colère, la mesure va "toucher des banlieusards qui sont obligés de travailler à Paris, qui n'ont pas toujours les moyens de changer de véhicule et n'ont pas nécessairement la faculté de prendre les transports en commun".
Pierre Chasseray, délégué général de "40 millions d'automobilistes", annonce lancer ce jour une action collective des automobilistes s'estimant lésés : "Si on condamne la mairie de Paris à plus d'un milliard d'euros de facture, elle sera dans l'impossibilité de dédommager et donc dans l'obligation d'abroger le texte", dit-il.
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