"Ici au Portugal, je me sens plus en sécurité qu'à Paris. Les vacances, c'est le bonheur, le calme, il ne faut pas qu'elles virent au cauchemar", estime Gilles Barboux, 53 ans, expert en communication numérique.
Depuis la terrasse ombragée de son hôtel près de Vilamoura, ce golfeur passionné balaie du regard le terrain verdoyant peuplé de pins et d'amandiers et qui, entrecoupé par des lacs, s'étend sur les 30 hectares du complexe touristique Pestana Vila Sol.
"Je ne me vois plus atterrir à Istanbul, j'aurais trop peur", renchérit Christine, son épouse. Auparavant, pendant six ans, ce couple parisien avait foulé les greens des golfs de Belek au sud de la Turquie, pays qui est désormais la cible d'attentats jihadistes et kurdes.
Sous un soleil radieux, les deux golfeurs amateurs s'emploient à taper des balles au practice de l'hôtel pour peaufiner leur swing avant de mettre le cap sur la ville pittoresque de Tavira, un peu plus loin à l'est, sur la côte atlantique.
"Il y a dix ans, il n'y avait pratiquement pas de touristes français en Algarve. Désormais, on entend parler français partout, que ce soit au restaurant ou au supermarché", relève Pedro Lopes, administrateur régional de Pestana, premier groupe hôtelier portugais.
Après des attentats comme celui de l'aéroport d'Istanbul, qui a fait mardi 43 morts, "les touristes ont toujours plus peur et optent pour des destinations qui présentent moins de risques comme le Portugal, l'Espagne ou la Grèce", relève-t-il.
- Bastion britannique -
A l'instar de son voisin espagnol, le Portugal a battu en 2015 un nouveau record en accueillant 10,2 millions de touristes étrangers, en hausse de 9,7%, dont plus de 2,5 millions ont posé leurs valises en Algarve. Une aubaine pour l'économie de cette région, qui a engrangé plus de 5 milliards d'euros sur les 11,4 milliards de recettes touristiques enregistrées par l'ensemble du pays.
"Les réservations ont grimpé de 12% depuis le début de l'année, en grande partie à cause de l'instabilité qui affecte nos principaux concurrents dans le Maghreb et le bassin méditerranéen", résume le président de l'Association des hôtels de l'Algarve (Aheta), Elderico Viegas.
Avec ses plages de sable fin surplombées de falaises ocre et ses 38 golfs, cette région touristique est traditionnellement le bastion des Britanniques, qui représentent 40% des visiteurs étrangers.
Selon l'Association des agences de voyages britanniques, les réservations pour le Portugal sont en hausse de 29% par rapport à l'été 2015, alors que celles vers la Tunisie et l'Egypte sont en chute libre.
"L'Algarve est une destination plus sûre que la Turquie et les prix sont imbattables", explique Craig Leaver, 29 ans, venu de Manchester avec un groupe d'amis.
Alors que la bière y était trois fois moins chère qu'au Royaume-Uni, la donne a quelque peu changé depuis le vote sur le Brexit, qui a entraîné la chute de la livre sterling.
Si Elderico Viegas ne cache pas son inquiétude quant à la perte de pouvoir d'achat des voyageurs britanniques, il sait que l'Algarve suscite aussi l'engouement des Allemands, des Espagnols et surtout des Français, dont le nombre a grimpé de 18,9% en 2015.
- Afflux de golfeurs -
Notamment pour le golf: plus d'un touriste étranger sur dix, soit au moins 250.000 personnes par an, tapent dans la petite balle blanche en Algarve, ce qui génère des recettes directes et indirectes estimées à 400 millions d'euros, selon l'Aheta.
A preuve, le golf de Vale do Lobo ne désemplit pas. Toutes les dix minutes, des groupes de joueurs s'élancent sur ce parcours vallonné bordé par l'océan Atlantique et une réserve naturelle habitée par des oiseaux rares.
"L'Algarve est la seule région en Europe où l'on peut jouer en bermuda toute l'année. Et 2016 sera le meilleur cru depuis toujours", assure le président du conseil d'administration de ce complexe de luxe, Diogo Gaspar Ferreira.
D'autres touristes préfèrent se prélasser à la plage, comme celle de Santa Eulalia à Albufeira, ancien village de pêcheurs et désormais haut-lieu du tourisme en Algarve prisé par les Allemands.
Maillot de bain bordeaux, cheveux mouillés, Roswitha Gell, 59 ans, vient de se tremper dans une mer encore fraîche. "Le Portugal paraît sûr. Mais nous sommes ici surtout pour le soleil...", raconte cette touriste allemande venue avec son mari de Passau (sud-est de l'Allemagne).
Les professionnels du tourisme en Algarve se gardent d'ailleurs bien d'axer leur promotion sur le thème de la sécurité. Pour Elderico Viegas, "ce serait contre-productif, car nulle part, on n'est à l'abri d'un attentat".
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