C’est l’histoire d’un petit village au cœur de la ville qui n’a jamais fait trop de bruit. Ou plutôt à qui les autres quartiers de Caen ont toujours volontairement fait de l’ombre. Son origine remonte à 1720, lorsque Anne Leroy fonde à Vaucelles, sur la rive droite, un petit couvent accueillant les pauvres malades. Douze ans plus tard, les religieuses traversent l’Orne pour s’installer rue d’Auge, après s’être vues confier la gestion d’une “maison de force” pour “enfermer les personnes débauchées” ainsi que les filles protestantes dites “repenties”, comme le stipule une lettre signée de Louis XV en 1734. La communauté prend le nom de Congrégation des Filles du Bon Sauveur et étend progressivement son accueil aux “femmes aliénées”. Puis aux hommes. Le Bon Sauveur devient peu à peu un des plus importants établissements psychiatriques de France. Près de trois siècle plus tard, les responsables du désormais Centre hospitalier spécialisé de Caen travaillent encore pour changer l’image de ce site devenu public en 1976.
Changer de siècle
Depuis cinq ans, le CHS connaît une véritable métamorphose à la faveur d’un investissement de 50 millions d’euros dédié à la rénovation et à la construction de nouveaux bâtiments. “Je me demande encore pourquoi mes prédécesseurs n’ont pas lancé ces programmes immobiliers avant”, s’interroge Jean-Pierre Vivier, nommé directeur en 2004. Depuis son arrivée, le pavillon Bonnafé, qui accueille 30 lits, un bâtiment administratif, une pharmacie et un laboratoire sont sortis de terre. Trois autres unités hospitalières et un poste de contrôle ont également été rénovés et remis aux normes.
Sur les 14 hectares de l’établissement , les chantiers continuent d’aller bon train. “Nous avons de nombreux travaux de voirie en cours, car il va bien falloir alimenter l’Odysée”, explique le directeur de la communication, Vincent Kubler. L’Odyssée n’est autre que le futur plus grand bâtiment médicalisé du CHS qui accueillera des patients en janvier prochain. Près de 15 millions d’euros ont été investis dans ce projet phare qui comptera 81 lits pour une superficie totale de 5 800 m2.
Un “petit village” au coeur de la ville
Pour construire, la direction a privilégié les terrains dont le CHS est propriétaire. Quatre hectares ont ainsi été rendus au cours des dix dernières années à la congrégation religieuse du Bon Sauveur.
“La force du CHS aujourd’hui, c’est aussi de pouvoir compter sur un parc très agréable dont les patients tirent énormément profit”, rapporte Christine Juhel-Vaysse. Le site a ainsi des allures de petit village, avec son garage pour entretenir les 70 véhicules de l’hôpital, sa cantine qui sert 1 030 repas par jour ou encore sa blanchisserie qui, en plus du linge des patients, lave aussi ceux du Crous, du Crop, de la maison de l’Enfance ou de l’institut Lemonnier : 450 tonnes de draps et autres vêtements y sont traitées par an. “Aujourd’hui, nous y voyons plus clair”, se réjouit Jean-Pierre Vivier qui ne compte pas arrêter le changement en si bon chemin.
Changer les préjugés
De l’avis de tous les personnels travaillant au CHS, leur hôpital n’est pas voué qu’à “soigner les fous”. “Tous les hôpitaux psychiatriques de France ont été liés à la notion d’asile et cette image est un peu restée”, souligne Christine Juhel-Vaysse. Depuis plusieurs années, les salariés du grand centre de soins se battent pour changer son image. “Non, toutes les personnes qui viennent ici ne sont pas folles. La grande majorité de nos patients sont des gens comme vous et moi qui, à un moment de leur vie, ont besoin d’être aidés car ils traversent une dépression”, insiste Jean-Pierre Vivier. D’où sa volonté de proposer un établissement digne des meilleurs hôpitaux.
Même si le taux de retour des questionnaires de sortie est très faible, près de 80 % des patients se disent satisfaits de la qualité du service proposé (chambre, lieux de vie, repas et accueil).
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