C'est ici que se forment les futurs Cassius Clay ou, en tout cas, c'est ici que les jeunes rêvent de devenir l'immense champion qu'il a été. Ils sont 80 environ à venir s'entraîner chaque jour, espérant des retombées de l'aura éternelle de "The Greatest".
"Personne ne peut s'approcher de Mohamed Ali, il plane bien au-dessus de tout le monde", assure pourtant Jeffrey Clancy, un garçon de 17 ans aux muscles saillants sur son torse nu. "Il était tellement en avance sur son temps, c'était incroyable: personne n'avait jamais vu un jeu de jambes aussi rapide dans la catégorie poids lourds".
Jeffrey a commencé à boxer soixante ans après que Cassius Clay a pour la première fois fait parler ses poings, en 1954, dans un gymnase non loin, aujourd'hui rattaché à l'université Spalding.
"The Champ" était né douze ans plus tôt à Louisville, dans cet Etat du Kentucky limitrophe du Midwest et du Sud profond, alors ségrégationniste. Il a été inhumé le 10 juin lors de funérailles populaires et grandioses.
Reste une présence tutélaire, doublée d'un message ainsi résumé par Stephanie Malone, l'une des récentes recrues du club: "Sois toi-même et laisse personne te dicter ta volonté".
Cette éducatrice de 24 ans a commencé la boxe sur le tard mais s'est imposée en six mois comme la plus douée de l'équipe. Il faut la voir aligner directs et crochets contre un adversaire solidement bâti, qu'elle repousse dans les cordes.
- "Comme un danseur" -
Pour Stephanie aussi, Mohamed Ali est une source d'inspiration inépuisable. "J'adore la façon dont il luttait, ses mouvements de tête, style +Je vais te frapper sans que tu me touches, je vais te faire croire que tu peux m'atteindre afin que ton corps se place là où je veux, et alors je te cognerai+", décrit-elle. Avant d'ajouter: "Il était comme un danseur, une radio branchée dans son crâne".
Son petit cousin est également un pilier de TKO Boxing, "TK" pour Top Knotch ("excellent") mais aussi en référence au "technical knockout" (KO technique).
"Je ne voulais pas traîner dehors avec des mauvaises personnes, alors j'ai décidé que la boxe m'isolerait de la rue", confie Keilan, 11 ans. A ses côtés, Leslye Harbin, plus jeune de deux ans, tient le même discours: "La boxe me sert à canaliser ma colère, je tape sur un sac de sable plutôt que sur quelqu'un".
Le fondateur de TKO, un Noir aux bras tatoués nommé James Dixon, a d'abord joué les sparring-partners dans son garage, pour son fils et une poignée d'autres gamins.
Louisville était alors devenue "la risée du pays" dans les compétitions de boxe, dit-il, "mais ces trois dernières années, on a renversé la vapeur". La cité fait selon lui à nouveau honneur à son histoire prestigieuse.
"On a sept ou huit champions nationaux au club. C'est dû à l'esprit de Mohamed Ali et au fait que nous bossons extrêmement dur. Cette ville est la seule au monde à avoir enfanté quatre champions poids lourds: Marvin Hart, Muhammad Ali, Jimmy Ellis et Greg Page".
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