Réunis pour la première fois en plus de 40 ans sans le Royaume-Uni mercredi à Bruxelles, les dirigeants européens ont édicté leurs lignes rouges pour le divorce à venir avec Londres, en particulier sur l'accès au marché unique.
David Cameron ayant annoncé qu'il ne souhaitait pas s'en mêler, il reviendra à son successeur au 10, Downing Street de négocier les conditions de la séparation lors d'une période de grande incertitude pouvant s'étaler sur deux ans.
Le nouveau Premier ministre britannique doit être connu le 9 septembre après le vote des 150.000 membres du parti conservateur qui doivent eux-mêmes choisir entre deux finalistes dégagés par les députés tories.
Les deux grands favoris sont la ministre de l'Intérieur Theresa May, qui fait figure de candidate de consensus, et l'ex-maire de Londres Boris Johnson, qui a gagné son pari en remportant le référendum.
Alors que les candidats ont jusqu'à jeudi midi (11H00 GMT) pour se déclarer, Theresa May a annoncé qu'elle briguait le poste dans une lettre publiée le matin même par le quotidien The Times.
"Après le référendum de la semaine dernière, notre pays a besoin d'un dirigeant qui soit fort et reconnu pour traverser cette période d'incertitude économique et politique, et pour négocier dans les meilleurs termes la sortie de l'Union européenne", a écrit Mme May.
Le ministre du Travail Stephen Crabb était jusqu'à mercredi soir le seul à avoir officiellement annoncé qu'il postulait. L'ancien secrétaire d’État à la Défense, Liam Fox, serait également sur les rangs, selon son entourage.
- Hostilité -
Eurosceptique notoire, Theresa May avait créé la surprise en annonçant son ralliement au camp du maintien dans l'UE, par discipline gouvernementale.
Comme elle s'est bien gardée de faire campagne en première ligne, elle représente pour de nombreux Tories un compromis permettant de rassembler un parti profondément divisé.
Boris Johnson a été le chef de file des pro-Brexit et fait à cet égard figure de candidat naturel, même si près de 60% des députés conservateurs ont voté pour un maintien dans l'Union européenne.
"Boris a prouvé qu'il était un +winner+, un communiquant fantastique qui transcende les lignes politiques et touche tous les électeurs", a plaidé son père Stanley, pourtant opposé au Brexit.
La lutte s'annonce sans merci entre Theresa May, qui présente un profil de "Dame de fer" et peut paraître glaciale, et Boris Johnson, qui n'a jamais caché son ambition pour le poste sous ses airs bonhommes.
Très populaire et consensuel pendant ses huit années à la maire de Londres, "BoJo" doit faire face à une hostilité nouvelle pour lui. De la part des partisans d'un maintien dans l'UE, mais aussi auprès de certains "Brexiters" qui déplorent ses messages confus et sans stratégie des derniers jours.
Plusieurs députés conservateurs pro-Brexit sont ainsi sceptiques quant à ses capacités de mener à bien les négociations avec l'UE qui s'annoncent houleuses, a confié l'un d'eux au Guardian.
Dans sa lettre au Times, Theresa May n'a pas hésité, sans le nommer, à tacler Boris Johnson en affirmant que "certains devraient se rappeler que le gouvernement n'est pas un jeu, c'est une affaire sérieuse qui a des conséquences réelles dans la vie des gens".
- Pas de marché 'à la carte' -
Cinq jours après le référendum, les dirigeants européens ont averti mercredi que le Royaume-Uni ne pourrait pas conserver sans contreparties les avantages du marché unique.
"Il n'y aura pas de marché unique à la carte", a résumé le président du Conseil européen, Donald Tusk, rejetant toute velléité de Londres de restreindre la libre circulation des personnes.
Les 27 ont également réaffirmé qu'ils n'engageront "aucune sorte de négociation" tant que Londres n'aura pas activé la clause de sortie de l'UE, l'article 50 du Traité de Lisbonne.
La France et surtout l'Espagne, confrontée à la menace d'une indépendance de la Catalogne, se sont par ailleurs opposées à ce que l’Écosse soit partie prenante de toute négociation post-Brexit avec l'UE.
"Les traités (européens) sont contre. Si le Royaume-Uni part, l’Écosse partira des institutions de l'Union européenne", a argumenté le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.
"Nous sommes au tout début de la procédure", a répondu la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, "encouragée par la volonté d'écoute" du président du Parlement européen Martin Schulz et du président de la Commission Jean-Claude Juncker qu'elle a rencontrés à Bruxelles.
Pendant ce temps, la situation est toujours aussi chaotique au parti travailliste. Alors que le leader de l'opposition Jeremy Corbyn, fort du soutien des militants, s'accroche, malgré la défiance de plus de 80% de ses députés, le vice-président du parti a présenté ses excuses à la nation pour le spectacle offert.
Mercredi soir, des médias britanniques annonçaient qu'Angela Eagle, l'un des membres démissionnaires de son cabinet fantôme, pourrait le défier lors d'une nouvelle élection pour la tête du parti.
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