Le scrutin devrait se résumer à un duel entre le Parti démocrate (PD, au pouvoir) et le Parti du peuple mongol (PPM), principale formation d'opposition, sur fond de dégringolade de la croissance, passée d'un taux record de 17% en 2011 à 2,3% l'an dernier.
Si les deux camps ont fait de nombreuses promesses de développement économique, ils ont été avares en propositions concrètes pour répondre aux principales préoccupations des électeurs, comme l'amélioration des systèmes d'éducation et de santé.
A l'extérieur de la capitale Oulan Bator, des camions transportant des urnes mobiles parcouraient mercredi les steppes afin de recueillir les votes des personnes malades et âgées.
Les pasteurs et les autres électeurs ruraux se déplaçaient vers des yourtes aménagées en bureaux de vote.
Accompagnée d'un cheptel de plus de 2.000 moutons et chèvres, la famille de Pagvajaviin Shatarbaatar a mis sept jours pour rejoindre l'une d'elles, parcourant plusieurs centaines de kilomètres dans la province de Dundgovi (centre-est), le long d'une des rares routes pavées du pays.
"Nous voulons des politiques responsables envers les gens, tout comme nous sommes responsables envers nos animaux", assène sa femme Otgontsetseg, s'appuyant sur un coussin dans leur caravane.
Le couple dit vouloir voter pour le parti Xun, composé majoritairement de réformateurs ayant étudié à l'étranger.
- 'Cupides' -
Mais en mai, la Cour constitutionnelle mongole a modifié le mode d'élection des 76 membres du parlement, le "grand Oural": de proportionnel, le scrutin est devenu majoritaire.
Une mesure qui réduit drastiquement les chances des formations politiques autres que le PD et le PPM, soupçonnés d'avoir agi de concert afin de se partager le pouvoir.
"Les politiques gouvernementales font fausse route", dénonce Otgontsetseg, car "les plus cupides ont le pouvoir".
Malgré les efforts des autorités pour permettre à l'ensemble de la population de voter, même dans les zones reculées, l'enthousiasme des électeurs de la jeune démocratie mongole s'est étiolé depuis la révolution de 1990, qui avait mis fin au joug soviétique.
La participation recule à chaque scrutin, une tendance attribuée par les experts au scepticisme croissant visant la classe politique, dans une Mongolie pourtant qualifiée d'"oasis de démocratie" début juin par le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
"Avec la crise économique qui continue, il y a un manque de confiance considérable dans le système politique", a déclaré à l'AFP Morris Rossabi, spécialiste de la Mongolie à l'université Columbia.
A la veille du scrutin, des Mongols ont exprimé leur déception face à la mauvaise gouvernance et au ralentissement économique, beaucoup disant craindre une répétition des violences meurtrières de 2008 consécutives à des soupçons de fraude électorale.
- Statu quo -
"(Les politiques) doivent tenir toutes leurs promesses. Tant de choses sont à exiger", déplore Ganbaatareen Jargal, un ouvrier du BTP de 25 ans, lors d'un rassemblement électoral samedi près d'Oulan Bator.
Malgré des études d'ingénieur minier, il a assuré à l'AFP être contraint de travailler sur des chantiers en raison de l'échec du gouvernement à développer le secteur des ressources naturelles.
Le ralentissement de la croissance en Chine, de loin le premier partenaire commercial de la Mongolie, a entraîné une chute de la demande chinoise pour les matières premières mongoles, charbon et cuivre notamment.
Les désaccords de la classe politique sur la propriété et le prix des ressources ont également freiné leur exploitation.
Selon une étude de l'organisation américaine International Republican Institute (IRI), plus de 60% des Mongols estiment que "le pays va dans la mauvaise direction".
Certains disent vouloir voter pour le parti le plus apte à leur apporter emplois et développement économique, mais d'autres préfèrent un statu quo jugé plus efficace.
"Je vais voter pour le Parti démocrate" au pouvoir, explique Jargal, l'ouvrier du BTP.
"Si c'est un autre parti qui l'emporte, il (...) accusera le Parti démocrate d'avoir tout fait de travers et recommencera tout à partir de zéro. Et on perdra encore quatre ans."
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