Sièges de multinationales, établissements bancaires de rang mondial, écoles de prestige et cadre de vie: les atouts de la capitale sont mis en avant pour attirer relocalisations et emplois, notamment dans la finance, après le vote en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.
"Nous devons nous mobiliser pour faire de Paris la capitale du financement de la zone euro", a martelé Gérard Mestrallet, président de Paris Europlace, dans un entretien mardi aux Echos. "Si nous ne profitons pas de cette chance, d'autres pays européens le feront", a-t-il prévenu.
"On peut s'attendre à ce que les cartes soient rebattues pour la place financière de Paris", expliquait quant à lui Gérard Rameix, président de l'Autorité des marchés, au lendemain du Brexit.
Mais d'autres villes, comme Dublin ou Francfort, pourraient tenir la corde: la première pour des raisons de fiscalité, de proximité et de langue; la seconde, qui abrite la Banque centrale européenne (BCE), avec la possible concrétisation de la fusion annoncée entre les bourses de Francfort et Londres (Deutsche Börse/London Stock Exchange).
Le Luxembourg est également "une place très importante notamment sur la partie fonds d'investissement" et dispose d'une fiscalité avantageuse, relève auprès de l'AFP Antoine Pertriaux, associé chez Equinox-Cognizant.
La bataille est donc engagée pour Paris Europlace, l'association de promotion de la place de Paris, à l'avant-poste pour convaincre l'industrie de la finance sur la pertinence du choix de la capitale française.
M. Mestrallet, qui a rencontré le ministre des Finances, Michel Sapin, mardi, souhaite notamment que la durée du régime des impatriés, actuellement de cinq ans, passe à dix ans.
Un salarié - français ou étranger - qui résidait fiscalement hors de France depuis au moins cinq ans bénéficie, lors de son embauche en France, d'une exonération partielle d'impôt pendant cinq ans.
La présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a quant à elle plaidé mardi pour une révision de ce régime.
- Perte du passeport européen -
Une fois le Brexit acté, les établissements financiers opérant depuis Londres vers le continent sont susceptibles de perdre leur passeport européen, qui leur permet un accès au marché européen sans restriction.
Or "l'industrie financière va vraisemblablement l'anticiper" sans attendre "la fin officielle", explique M. Pertriaux étant donné que "la perte de ce passeport va mettre du temps".
Déjà, en février, le patron de HSBC, Douglas Flint, avait estimé que la banque pourrait déplacer un millier d'emplois de Londres à Paris en cas de "Brexit". Et, selon une source interne de Morgan Stanley, 1.000 salariés sur les 6.000 que la banque américaine emploie au Royaume-Uni pourraient être déplacés sur le continent.
Ainsi, "il y a des opportunités réelles pour des endroits comme Amsterdam ou comme Paris", a indiqué le patron d'Euronext, Stéphane Boujnah, au lendemain du vote pour le Brexit, sur France Info.
Par ailleurs, en cas d'échec de la fusion Deutsche Börse/LSE par exemple, "Paris pourrait bénéficier" d'un rapatriement sur le continent des activités de compensation (qui assurent la sécurité des transactions, ndlr) en euro, du fait de la présence en France d'une filiale de la chambre de compensation britannique LCH.Clearnet, explique M. Pertriaux.
Les places financières pourraient aussi attirer à elles certaines activités en fonction de leur spécialisation. Paris dispose par exemple d'un pôle de gestion d'actifs de 3.600 milliards d'euros.
"Il est naturel que certaines activités (...) aient besoin d'être plus proche de leur client", a reconnu M. Boujnah à la tête de l'opérateur boursier qui chapeaute les Bourses de Paris, Amsterdam, Lisbonne et Bruxelles. Pour autant, a-t-il estimé, le transfert ne sera "ni rapide ni uniquement orienté vers une seule place financière".
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