Quel rôle pour les eurodéputés britanniques avant la sortie effective de leur pays?
Tant que le processus de négociation sur les modalités du divorce du Royaume-Uni n'est pas achevé, les eurodéputés britanniques conservent en théorie les mêmes droits et les mêmes devoirs qu'avant. Mais certains d'entre eux pourraient choisir de se mettre en retrait, afin de ne pas peser dans des décisions qui ne s'appliqueront pas à leur pays.
Aux yeux du président du groupe Socialistes et Démocrates (SD), l'Italien Gianni Pittella, "les Britanniques doivent finir leur mandat en jouissant de leurs pleins droits au Parlement européen, sauf pour ce qui concerne la renégociation des relations (entre l'UE et le Royaume-Uni)".
Toutefois, rien n'oblige juridiquement les Britanniques à s'abstenir de voter quand le texte actant la sécession avec l'Union européenne arrivera devant le Parlement.
Le Traité de Lisbonne (2009) prévoit seulement que l'État qui se retire de l'UE "ne participe ni aux délibérations ni aux décisions du Conseil européen et du Conseil" le concernant: mais rien de semblable n'est prévu pour les votes au Parlement européen, alors que ce dernier doit aussi approuver les conditions de la séparation du Royaume-Uni et de l'UE.
L'europhobe Nigel Farage (UKIP), à la pointe du combat pour le Brexit, avait bruyamment fait ses adieux au Parlement européen à la session de juin.
Toutefois, son entourage a fait savoir lundi que les 26 eurodéputés britanniques de son groupe comptaient continuer à exercer leur droit de vote et à "représenter les intérêts britanniques" jusqu'à la sortie effective. Comme du reste leurs homologues du Parti conservateur, a précisé un porte-parole des eurodéputés Tories à l'AFP.
Des groupes politiques vont-ils disparaître?
Pour constituer un groupe parlementaire au Parlement européen, il faut réunir au moins 25 eurodéputés issus de sept pays différents.
Les 73 eurodéputés britanniques font pour leur grande majorité partie de trois groupes: celui des eurosceptiques regroupés derrière Nigel Farage sous la bannière "Europe de la liberté et de la démocratie directe", celui des Conservateurs et réformistes européens (ECR) qui accueille les "Tories", et celui des Socialistes.
Un exode des 22 Britanniques de l'UKIP du groupe des eurosceptiques ferait de fait disparaître ce dernier: le groupe ne compterait en effet plus que 24 membres.
Quant au groupe ECR, il serait fortement amputé mais ne s'évaporerait pas pour autant: il perdrait 21 membres sur 73.
Enfin, le groupe socialiste perdrait 20 membres sur 188, et creuserait encore l'écart qui le sépare du groupe le plus important du Parlement européen, celui du Parti populaire européen (PPE, droite), avec 215 députés, qui ne compte aucun Britannique.
Quel impact sur l'équilibre des forces politiques au Parlement?
Le départ des Britanniques ne devrait pas changer fondamentalement le rapport de force entre droite et gauche et entre eurosceptiques et europhiles, mais pour l'eurodéputé français du PPE Alain Lamassoure, il va probablement revivifier la logique de la "grande coalition", voyant le PPE et les socialistes se mettre d'accord sur de grandes orientations.
"Les survivants (du Brexit, ndlr) qui tiennent vraiment à l'Europe seront incités à serrer les rangs et à travailler ensemble", prédit M. Lamassoure.
Autre conséquence possible, il pourrait être plus difficile de trouver une majorité au Parlement européen pendant les deux années à venir si les eurodéputés britanniques sont toujours comptés dans l'effectif mais que beaucoup ne prennent plus part aux votes.
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