L'onde de choc du référendum britannique continue de se propager cinq jours après le scrutin et l'inquiétude est manifeste au sein de l'Union sur les conséquences politiques et économiques du divorce à venir.
La Grande-Bretagne reste d'ailleurs sous la surveillance des marchés, au lendemain de la dégradation de sa note financière par les agences de notation Standard and Poor's et Fitch.
Les Européens, eux, doivent "tirer les leçons" de la décision des électeurs d'outre-Manche, avec le souci d'éviter une contagion à d'autres Etats membres.
L'Allemagne, la France et l'Italie ont exclu toute négociation avec le Royaume Uni tant que Londres n'aura pas formalisé sa demande de sortie. Les trois poids lourds fondateurs de l'UE --les trois premières économies de la zone euro -- ont aussi affiché la volonté de donner une "nouvelle impulsion" au projet européen.
Le Premier ministre britannique David Cameron aura fort à faire pour livrer les "explications" post-mortem de son échec lors d'un dîner devant ses homologues mardi.
Selon un diplomate de haut rang, "quelques principes devraient ressortir de cette discussion: prendre acte du résultat du référendum, insister sur le fait que dans cette situation le Traité de Lisbonne définit un cadre juridique ordonné", à savoir l'article 50 ou "clause de retrait" d'un Etat membre.
-'Eviter un mauvais feuilleton'-
"L'éventail des formules est large pour le statut futur: cela peut aller du statut de la Corée du Nord à celui de la Turquie", ironise le même diplomate, mais "tant que que la procédure de l'article 50 n'est pas déclenchée, aucune négociation d'aucune sorte n'est possible".
Le Premier ministre belge Charles Michel a réclamé "de la clarté" pour "éviter un mauvais feuilleton sur le départ" du Royaume-Uni.
Il en va "aussi de 440 millions de citoyens de l’UE en dehors de la Grande-Bretagne. Ils ont le droit de savoir clairement dans quelle UE ils vivent: une UE avec ou sans la Grande-Bretagne", a renchéri la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
A la veille du sommet, la chancelière allemande Angela Merkel a clairement averti Londres. "Nous sommes d'accord là-dessus, il n'y aura pas de discussions formelles ou informelles sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE tant qu'il n'y aura pas de demande de sortie de l'UE au niveau du Conseil européen", a prévenu Mme Merkel aux côtés du président français François Hollande et du chef du gouvernement italien Matteo Renzi.
Réuni en session extraordinaire, Le Parlement européen devrait adopter à la mi-journée une résolution enjoignant Londres de notifier "immédiatement" son futur départ.
Selon une source gouvernementale britannique, David Cameron entend réitérer à Bruxelles sa position, à savoir qu'enclencher la procédure de divorce incombera à son successeur au 10, Downing Street, dont le nom devrait être connu d'ici le 2 septembre.
A Londres, le Premier ministre conservateur démissionnaire n'est pas seul à temporiser. Le chef de file des partisans du Brexit, Boris Johnson, qui vise sa place, joue désormais la conciliation, assurant que le Royaume-Uni fait "partie de l'Europe" et que sa sortie de l'UE n'interviendra "pas dans la précipitation".
-'Nouvelle impulsion?'-
Ce n'est que mercredi, au petit-déjeuner, que le président du Conseil européen, Donald Tusk, réunira de façon "informelle" les 27 autres dirigeants, sans David Cameron, afin de discuter de l'avenir des relations de l'Union avec le Royaume-Uni.
Pour éviter que les "forces centrifuges" ne gagnent du terrain dans d'autres Etats membres, "nous allons présenter une proposition à nos collègues" pour "donner une nouvelle impulsion" au projet européen "au cours des prochains mois", a promis Angela Merkel.
Selon la chancelière, Berlin, Paris et Rome envisagent notamment des avancées dans les domaines de "la défense, la croissance, l'emploi et la compétitivité".
Eviter la contagion du Brexit est une préoccupation majeure pour plusieurs pays, notamment la France, l'Italie ou les Pays-Bas, où l'extrême droite et les mouvements populistes ont le vent en poupe.
Le Brexit, voté par 52% des Britanniques, a toujours du mal à passer chez ses opposants au Royaume Uni, en particulier les jeunes. Une pétition pour un nouveau référendum dépassait lundi soir les 3,8 millions de signatures. Une manifestation est prévue mardi à Londres contre le résultat du scrutin.
La tourmente politique dans laquelle est plongé le Royaume-Uni est d'autant plus dévastatrice que revient au premier plan la menace d'une sécession de l'Ecosse, qui a voté à 62% en faveur d'un maintien dans l'UE.
Du côté des travaillistes, leur chef Jeremy Corbyn, accusé de ne pas avoir assez milité pour un maintien dans l'UE, a annoncé qu'il ne démissionnerait pas, même si plus de la moitié de son cabinet fantôme a déjà déserté en signe de protestation.
Cruauté supplémentaire, l'Angleterre est sortie lundi soir... de l'Euro-2016, battue par l'Islande (2-1) en huitièmes de finale.
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