"C'est un homme bon et honnête mais ce n'est pas un leader", a déclaré Hilary Benn, le "ministre des Affaires étrangères" du cabinet fantôme travailliste limogé dimanche, résumant le sentiment général des députés et de l'appareil du Labour.
Pour le quotidien The Times, "il manque d'expertise dans tous les domaines politiques et n'a jamais été pris au sérieux". Un constat sévère partagé par toute la presse de droite du pays qui moque depuis des mois ses idées radicales et son allure négligée.
Jeremy Corbyn, 67 ans, n'hésite pas à se promener en bermuda et sandales et se refuse à porter la cravate sauf cérémonie exceptionnelle comme l'anniversaire de la reine.
Il est arrivé à la tête du Labour à la surprise générale, le 12 septembre 2015. Il n'aurait en effet jamais dû être élu, n'était la volonté de certains députés travaillistes de faire un geste envers l'aile radicale du parti en le désignant comme candidat dans la compétition. Ils avaient calculé qu'il ne serait jamais élu face à ses adversaires à la ligne sociale-démocrate.
Mal leur en a pris puisque le pacifiste, pourfendeur des politiques d'austérité, a au contraire séduit toute une frange des adhérents du Labour qui l'avaient déserté à cause de son virage vers le centre entamé sous Tony Blair, ainsi que les jeunes.
-"Confiance de millions de personnes"-
Le député rebelle, qui avait voté 533 fois contre la ligne de son parti à la chambre des Communes entre 1997 et son élection, refusant notamment la guerre en Irak enclenchée par Tony Blair, n'a jamais occupé de fonction de premier plan dans son parti.
Son amour du Labour et son sens de l'engagement lui ont été légués par ses parents, un ingénieur et une enseignante, tombés amoureux lors d'une manifestation contre la guerre civile espagnole.
Elevé dans l'ouest de l'Angleterre avec trois frères, le jeune Corbyn ne s'est guère passionné pour les études. Bac en poche, il part deux ans en Jamaïque pour le compte d'une association caritative.
A son retour en Angleterre, il s'installe à Islington, quartier du nord de Londres à l'époque coeur de la contestation gauchiste mais qui s'est depuis beaucoup boboïsé.
Elu depuis 1983 député de ce quartier, il y vit toujours dans une maison aux allures modestes, avec sa troisième épouse, une Mexicaine de 20 ans plus jeune que lui, et se conforme à un style de vie dépouillé, cultivant son potager.
"Je mène une existence normale, je roule à vélo, je n'ai pas de voiture. Je ne suis pas très dépensier", avait déclaré l'an dernier au Guardian cet homme discret.
Lorsque le scandale des notes de frais des députés a secoué Westminster en 2009, il est ressorti que Corbyn était le moins dépensier: il avait réclamé 8,99 livres de remboursement pour une cartouche d'encre.
Autre trait marquant de son caractère: il est têtu. Malgré la démission de 18 des membres de son cabinet, il a exclu de lâcher les rênes du parti.
"Je ne vais pas trahir la confiance de ceux qui ont voté pour moi, ni celle des millions de personnes à travers le pays qui ont besoin que le Labour les représente", a-t-il dit.
Sa biographe Rosa Prince estime qu'il ne faut pas sous-estimer sa détermination.
"Il se décrit comme un héros malgré lui mais c'est très loin de la vérité. Depuis cinquante ans, il fait des pieds et des mains pour accéder sur le devant de la scène politique", écrit-elle lundi dans le quotidien Daily Telegraph. Et maintenant qu'il y est, il s'accroche "comme un gamin pleurnichard à son ballon longtemps après que les autres soient rentrés à la maison".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.