Alors que les Européens pressent pour un divorce rapide, Londres a annoncé la création d'un département spécial au sein du gouvernement pour gérer la question du Brexit. Le successeur du Premier ministre démissionnaire David Cameron sera désigné le 2 septembre, a annoncé de son côté le parti conservateur.
Le ministre des Finances George Osborne avait tenté de rassurer les marchés avant même l'ouverture de la Bourse. Le processus de sortie de l'Union européenne ne se sera enclenché "que lorsque nous aurons une vision claire des nouveaux arrangements que nous recherchons avec nos voisins européens", a-t-il promis.
Il a ajouté que l'économie britannique était "prête à affronter ce que l'avenir nous réserve".
La Bourse de Londres restait très nerveuse, avec un plongeon des valeurs bancaires et immobilières ou des compagnies aériennes. La livre britannique continuait de dévisser et a touché dans la matinée de nouveaux plus bas en 30 ans face au dollar.
Et un sondage paru lundi montre qu'un cinquième des dirigeants d'entreprises britanniques envisagent de délocaliser une partie de leur activité.
Le chef de file des partisans du Brexit, le conservateur Boris Johnson, a adopté un ton inhabituellement conciliant avec ses adversaires d'hier, en assurant que le Royaume-Uni fait "partie de l'Europe" et que la coopération avec ses voisins du continent allait "s'intensifier".
Dans une tribune parue dans le Daily Telegraph, il a réaffirmé que la sortie de l'UE "n'interviendra pas dans la précipitation". Candidat à la succession de David Cameron, il a appelé les partisans du Brexit à "construire des ponts" avec ceux qui ont voté pour rester dans l'UE.
La presse britannique assurait que, face à l'ex-maire de Londres, la ministre de l'Intérieur Theresa May devrait incarner la candidature "anti-Boris" au sein du parti conservateur pour le poste de Premier ministre.
- Angela Merkel accommodante -
Signe d'un Brexit qui a du mal à passer pour une partie des Britanniques, en particulier chez les jeunes, une pétition réclamant l'organisation d'un deuxième référendum dépassait lundi matin les 3,7 millions de signataires.
"Je voulais étudier en Espagne mais je ne sais plus si je pourrai être candidat à un Erasmus si nous ne sommes plus citoyens de l'UE", s'inquiétait ainsi Jamie McAteer, étudiant nord-irlandais de 18 ans, rencontré par l'AFP à Newry.
L'ambassade de Pologne à Londres s'est dite "choquée et profondément préoccupée par de récents incidents xénophobes à l'encontre de la communauté polonaise", des incidents que David Cameron a condamnés.
De leur côté, les Européens tentent de s'organiser pour trouver une position commune et faire valoir leurs conditions.
Les ministres français et allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier et Jean-Marc Ayrault, ont annoncé vouloir "faire de nouvelles avancées en direction d'une union politique en Europe", appelant "les autres Etats européens à (les) rejoindre dans cette entreprise".
Sur une ligne accommodante depuis le résultat du référendum, la chancelière allemande Angela Merkel a dit lundi comprendre que le gouvernement britannique ait besoin de temps.
"Tout d'abord on ne peut pas se permettre une longue période d'incertitude (...) mais que la Grande-Bretagne ait besoin d'un certain temps pour analyser les choses, je le comprends", a-t-elle estimé devant la presse.
Elle devait recevoir dans la journée le président du Conseil européen Donald Tusk, puis le président français François Hollande et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, qui a appelé l'Europe à "se bouger".
C'est dans ce contexte délicat que le secrétaire d'Etat américain John Kerry se rendait à Londres après avoir appelé les Européens à "ne pas perdre la tête".
- Jeremy Corbyn en position d'accusé -
La tourmente politique qui secoue le Royaume-Uni est encore aggravée par le retour de la menace d'une sécession de l'Ecosse, où le vote en faveur d'un maintien dans l'UE a réuni 62% des suffrages.
Dès dimanche, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a jugé "très probable" un nouveau référendum sur l'indépendance après celui de 2014, où le "non" l'avait emporté.
Mais le gouvernement britannique a déclaré lundi qu'un nouveau référendum est la "dernière chose dont a besoin l'Ecosse".
Du côté des partis politiques, le leader travailliste Jeremy Corbyn, accusé en interne de ne pas avoir assez milité pour un maintien dans l'UE, a annoncé qu'il ne démissionnerait pas, même si plus de la moitié de son cabinet fantôme a déjà déserté en signe de protestation.
Une réunion houleuse l'attendait lundi en fin de journée, lors de laquelle pourrait être examinée une motion de défiance à son encontre.
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