De leur côté, les Européens tentent de s'organiser pour trouver une position commune et faire valoir leurs conditions. La chancelière allemande Angela Merkel recevait à Berlin le président du Conseil européen Donald Tusk, puis le président français François Hollande et le chef du gouvernement italien Matteo Renzi.
A Londres, le ministre des Finances George Osborne est intervenu dès avant l'ouverture de la Bourse pour déclarer que son pays n'entamerait le processus de sortie de l'Union européenne "que lorsque nous aurons une vision claire des nouveaux arrangements recherchés avec nos voisins européens".
Il a ajouté que l'économie britannique était "prête à affronter ce que l'avenir nous réserve", au moment où les marchés financiers restent sous pression même si une accalmie était constatée en Asie.
La Bourse de Londres restait très nerveuse, avec un plongeon en début de séance de valeurs bancaires et immobilières ou des compagnies aériennes.
Et un sondage paru lundi montre qu'un cinquième des dirigeants d'entreprises britanniques envisagent de délocaliser une partie de leur activité, tandis que près des deux tiers estiment que le choix du Brexit est une mauvaise chose.
- Boris Johnson plus conciliant -
Le chef de file des partisans du Brexit, le conservateur Boris Johnson, a adopté un ton inhabituellement conciliant avec ses adversaires d'hier, en assurant que le Royaume-Uni fait "partie de l'Europe" et que la coopération avec ses voisins du continent allait "s'intensifier".
Dans une tribune parue dans le Daily Telegraph, il a réaffirmé que la sortie de l'UE "n'interviendra pas dans la précicipation".
Candidat à la succession du Premier ministre démissionnaire David Cameron, il s'est posé en rassembleur, appelant les partisans du Brexit à "construire des ponts" avec ceux qui ont voté pour rester dans l'UE, conscient que le vote laisse le pays profondément divisé.
Signe d'un Brexit qui a du mal à passer pour une partie des Britanniques, en particulier chez les jeunes, une pétition réclamant l'organisation d'un deuxième référendum dépassait lundi matin les 3,6 millions de signataires.
"Je voulais étudier en Espagne mais je ne sais plus si je pourrai être candidat à un Erasmus si nous ne sommes plus citoyens de l'UE", s'inquiétait ainsi Jamie McAteer, étudiant Nord-irlandais de 18 ans, rencontré par l'AFP à Newry.
David Cameron a réuni lundi matin ses ministres, et le Parlement devait reprendre ses sessions dans l'après-midi.
Londres est désormais sous pression de l'UE pour engager rapidement la procédure de divorce, mais M. Cameron l'a repoussée jusqu'à la désignation de son successeur lors du congrès de son parti en octobre.
Dimanche encore, Martin Schulz, le président du Parlement européen, l'a exhorté à entamer la procédure dès mardi à Bruxelles, au début d'un sommet des chefs d'Etat et de gouvernements européen de deux jours.
Mais selon une source officielle européenne, les Européens ne s'attendent pas "à ce stade, à ce que Cameron déclenche l'article 50", la clause du traité de Lisbonne qui enclenchera la sortie du Royaume-Uni de l'UE.
C'est dans ce contexte délicat que le secrétaire d'Etat américain John Kerry se rendait lundi à Londres, après avoir déclaré la veille les Etats-Unis auraient souhaité voir le Royaume-Uni "prendre une autre direction".
- Jeremy Corbyn en position d'accusé -
La tourmente politique qui secoue le Royaume-Uni est encore aggravée par le retour de la menace d'une sécession de l'Ecosse, où le vote en faveur d'un maintien dans l'UE a réuni 62% des suffrages.
"Le Royaume-Uni pour lequel l'Ecosse a voté pour rester en 2014 n'existe plus", a martelé la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, en jugeant "très probable" un nouveau référendum sur l'indépendance après celui de 2014, où le "non" l'avait emporté.
Du côté des partis politiques, le leader du parti travailliste Jeremy Corbyn, accusé en interne de ne pas avoir assez milité pour un maintien dans l'UE, a annoncé qu'il ne démissionnerait pas, même si plus du tiers de son cabinet fantôme a déjà déserté en signe de protestation.
"Je ne vais pas trahir la confiance de ceux qui ont voté pour moi, ni celle des millions de personnes à travers le pays qui ont besoin que le Labour les représente", a déclaré celui qui a été élu largement à la tête du parti en septembre 2015.
Une réunion houleuse l'attendait lundi en fin de journée, lors de laquelle pourrait être examinée une motion de défiance à son encontre.
Le parti conservateur devait lui aussi se réunir, dans l'après-midi, pour entamer le processus de désignation d'un successeur à David Cameron, qui ne devrait s'achever qu'en octobre.
Selon le journal The Observer, Boris Johnson se prépare à lancer l'offensive sur le parti mais les partisans du "Remain" (rester) seraient bien décidés à l'arrêter, ce qui ajouterait encore à l'incertitude politique ambiante.
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