Le Cosco Shipping Panama, un gigantesque navire désigné par tirage au sort, a traversé le canal reliant l'océan Atlantique au Pacifique, salué par des milliers de spectateurs.
Plus d'un siècle après l'inauguration du canal de Panama en 1914, qui avait révolutionné le commerce mondial, une dizaine de dignitaires étrangers avaient été invités à la cérémonie, la plus importante de l'histoire du canal.
"C'est un grand jour pour le Panama. Cette route est utilisée depuis 500 ans et on ne peut pas changer le cours de l'histoire", a lancé le président panaméen, Juan Carlos Varela.
Après avoir franchi la première des deux nouvelles écluses, celle d'Agua Clara, côté océan Atlantique, le bâtiment chinois, large de 48,25 mètres et long de 299,9 mètres, devait arriver dans l'après-midi à celle de Cocoli, sur le Pacifique.
L'événement survient à point nommé pour le pays, chahuté par le scandale mondial d'évasion fiscale Panama Papers, qui a révélé début avril l'utilisation à grande échelle de sociétés offshore via le cabinet d'avocats panaméens Mossack Fonseca.
"Nous montrons au monde le vrai visage du Panama et cela doit avoir un effet positif sur l'image du pays face à ces adversités que nous traversons", a déclaré dans un entretien à l'AFP l'administrateur du canal, Jorge Quijano.
Ce pays d'Amérique centrale veut maintenant attirer l'attention mondiale avec son célèbre canal, déclaré l'une des sept merveilles du monde moderne. "Nous avons agrandi la merveille. C'est une grande étape pour un petit pays et cela nous remplit d'orgueil d'avoir réussi à le faire", a confié M. Quijano.
Désormais, le canal de 80 km de long accueillera des bateaux contenant jusqu'à 14.000 conteneurs, mesurant jusqu'à 49 mètres de large et 366 mètres de long, triplant ainsi sa capacité. Auparavant, les navires trop imposants transitaient par le canal de Suez, plus large.
Le Panama espère, d'ici dix ans, doper ses performances annuelles, en doublant son volume de transit (300 millions de tonnes) et en triplant ses recettes (un milliard de dollars).
- Stimuler les échanges Asie-USA -
Le canal est déjà le passage obligé pour 5% du commerce maritime mondial, avec les Etats-Unis et la Chine comme principaux clients. En un siècle, il a vu passer plus d'un million de bateaux.
En améliorant ses recettes, il dopera celles de l'Etat panaméen. "Avec le canal élargi, les recettes du Trésor vont augmenter, ce qui bénéficiera aussi aux autres secteurs d'activité" du pays, observe Nicolas Ardito Barletta, ex-président panaméen et ancien vice-président de la Banque mondiale en Amérique latine.
Selon lui, le canal, avec les activités logistiques et bancaires annexes, apporte 45% du PIB du pays.
Son agrandissement devrait stimuler les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l'Asie, qui verront se réduire les coûts de transport des marchandises.
Le marché visé est notamment celui du transport de gaz naturel liquéfié depuis le Texas et la Louisiane jusqu'en Asie (Japon surtout).
Grâce au nouveau canal, le Panama devient ainsi "l'un des centres névralgiques du commerce international", a estimé samedi le président de la Banque interaméricaine de développement, Luis Alberto Moreno, qui table sur "un effet domino sur tout le continent américain en modifiant profondément toute la chaîne logistique".
Lancé en 2007, le projet consistait à bâtir une troisième voie et un nouveau jeu d'écluses, tout en procédant à quelques rénovations.
Sa mise en pratique a été semée d'embûches: des disputes incessantes entre l'administration du canal et le Groupement Unis pour le canal (GUPC), consortium chargé des travaux, ont créé des retards.
En 2014 le consortium, composé des groupes espagnol Sacyr, italien Salini Impregilio, belge Jan de Nul et panaméen Constructora Urbana, n'avait pas hésité à geler le chantier pour réclamer un budget supplémentaire de 3,5 milliards de dollars.
Plusieurs grèves d'ouvriers ont émaillé les travaux et l'apparition de fissures dans une écluse - depuis réparées - a porté un autre coup aux promoteurs du projet.
Le canal élargi est inauguré avec 20 mois de retard et un coût de 5,45 milliards de dollars, qui pourrait encore gonfler avec les réclamations déposées par le consortium.
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