La chancelière allemande Angela Merkel, dont l'étoile a pâli depuis la crise migratoire, reçoit lundi après-midi le président français François Hollande et le Premier ministre italien Matteo Renzi, à la veille d'un sommet européen capital à Bruxelles.
Chacun a remarqué que Mme Merkel a également convié l'Italien au côté du Français - pour faire bon poids ? - au moment où Paris et Berlin se disent prêts à faire des propositions "sans fuite en avant" pour rendre l'Union "plus efficace".
Selon plusieurs sources, une initiative du couple franco-allemand - longtemps le "moteur" de l'Union - serait à l'étude pour relancer le projet européen.
"Il faut une convergence franco-allemande", a insisté le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, même si la France paraît davantage demandeuse que l'Allemagne.
La chancelière a d'ailleurs adopté un ton plutôt conciliant à l'égard de Londres, en appelant à "analyser la situation avec calme et retenue".
Mme Merkel doit aussi s'entretenir séparément lundi avec le président du Conseil européen (qui représente les 28 Etats membres), Donald Tusk, qui n'a pas caché sa crainte d'une contagion du Brexit portée par la fièvre eurosceptique qui secoue le Vieux continent.
- Post-mortem -
M. Tusk va présider pendant deux jours, mardi et mercredi, un des sommets les plus tendus de l'histoire de l'Union. Le dîner du mardi sera dédié au Brexit avec les "explications" post-mortem du Premier ministre britannique David Cameron.
Le lendemain, le président du Conseil compte organiser une réunion "informelle" avec les 27 autres chefs d'Etats et de gouvernement, sans le Royaume-Uni, afin de discuter de l'impact de la rupture britannique.
"Il serait insensé pour nous d'ignorer un signal d'alarme tel que le référendum britannique", avait-il reconnu avant même le vote.
Et puisque les Britanniques ont opté pour la séparation, les dirigeants européens veulent acter "au plus vite" la procédure de divorce.
"Nous disons ici, ensemble, que ce processus doit commencer aussi vite que possible pour qu'on ne se retrouve pas embourbé", a plaidé samedi à Berlin le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, entouré de ses homologues des pays fondateurs de l'UE (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas).
Au Berlaymont, le siège de la Commision européenne, l'heure n'est pas non plus à l'atermoiement.
"Ce n'est pas un divorce à l'amiable", a tranché le président de la Commission Jean-Claude Juncker. "Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement britannique a besoin d'attendre jusqu'au mois d'octobre pour décider si oui ou non il envoie la lettre de divorce à Bruxelles. J'aimerais l'avoir immédiatement".
Du côté du Parlement européen, qui se réunira mardi en session extraordinaire, on presse aussi David Cameron de notifier la "clause de retrait" (l'article 50 du Traité de Lisbonne), jamais appliquée, qui va régir la sortie de son pays.
"Le sommet de mardi est le bon moment", a jugé dimanche le président du Parlement, Martin Schulz, dans une interview à l'hebdomadaire dominical Bild am Sonntag.
D'outre-Atlantique, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est invité dans la "polycrise" européenne, selon l'expression de M. Juncker.
M. Kerry se rend lundi à Bruxelles pour des entretiens avec la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, initialement prévus dimanche à Rome, avant de s'envoler pour Londres.
Pour Mme Mogherini, la volonté du Royaume-Uni de quitter l'UE, qui remet en question "le dessein, sinon l'existence" de l'Europe, rend plus importante encore une Union "forte" pour répondre aux défis stratégiques mondiaux.
A Washington, le président Barack Obama, qui avait puissament plaidé en faveur du maintien de Londres dans l'UE, a dû prendre acte du "Leave" britannique.
Mais M. Obama a promis que rien n'avait changé dans "la relation spéciale entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni", et que la présence de Londres au sein de l’OTAN restait une "pierre angulaire" de la politique étrangère américaine.
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