"Le Royaume-Uni pour lequel l'Ecosse a voté pour rester en 2014 n'existe plus", a martelé Mme Sturgeon dans une intervention télévisée dimanche matin, deux jours après le choc du non britannique à l'Europe par référendum.
A contre-courant, ses compatriotes écossais ont voté en grande majorité (62%) pour le maintien dans l'UE. Tout comme d'ailleurs les Irlandais du Nord.
Selon un sondage réalisé pour le Sunday Times vendredi et samedi, 52% des Ecossais veulent désormais que leur pays se sépare du reste du Royaume-Uni, et que l'Ecosse reste membre de l'Union européenne. Un autre, réalisé vendredi auprès de 1.600 personnes par ScotPulse, arrive même à 59% d'indépendantistes, contre 32% qui veulent rester rattachés au Royaume-Uni et le reste d'indécis.
Il y a deux ans, les électeurs écossais avaient rejeté l'indépendance de l'Ecosse par référendum - avec une confortable majorité de 55% favorables au maintien dans le Royaume-Uni. Mais la nouvelle donne du Brexit rend l'organisation d'un nouveau scrutin "hautement probable", a dit Mme Sturgeon dès vendredi.
"Ce ne sera pas une réédition du référendum de 2014", a-t-elle avancé dimanche, "le contexte et les circonstances ont complètement changé".
Sur Twitter, dès l'annonce des premiers résultats vendredi, le hashtag #indyref2 ("référendum d'indépendance 2") s'était répandu comme une traînée de poudre.
- Successeur du Royaume-Uni? -
En parallèle, Mme Sturgeon a promis dimanche qu'elle allait "parler aux gens à Bruxelles dans les jours qui viennent". "Notre argumentation, c'est que nous ne voulons pas sortir, nous ne voulons pas sortir pour ensuite revenir", a-t-elle ajouté.
"On pourrait imaginer que l'Ecosse soit traitée par l'UE comme le successeur du Royaume-Uni", a expliqué à l'AFP Andrew Scott, professeur en études européennes de l'Université d'Edimbourg.
"Si l'indépendance de l'Ecosse se fait avant que la Brexit soit finalisé, alors l'Ecosse peut dire à l'UE +nous sommes leur successeur, nous ne partons pas, donc nous héritons de la position britannique, avec les dérogations britanniques et le rabais budgétaire britannique+".
Cela impliquerait toutefois que les choses aillent vite, les partenaires européens de Londres faisant pression pour que le pays se dépêche de démarrer ses négociations de sortie.
Une autre option pour l'Ecosse serait de quitter l'UE en même temps que le reste du Royaume-Uni, puis de refaire acte de candidature, et entretemps d'adhérer à l'Espace économique européen. "Cela présente un certain nombre d'avantages aussi", selon l'expert.
Avec ses un peu plus de 5 millions d'habitants, et un Produit intérieur brut (PIB) de plus de 200 milliards d'euros, une Ecosse indépendante trouverait tout à fait sa place dans une UE qui abrite d'autres pays autrement plus petits, les pays baltes par exemple.
- 'Nous sommes une île' -
Manfred Weber, député européen allemand des Unions chrétiennes d'Angela Merkel, et président du groupe parlementaire conservateur au Parlement européen, a dit dès vendredi, cité par le Financial Times, que "ceux qui voulaient rester étaient les bienvenus dans l'UE".
Mais dans les rues de Glasgow, tous ne voyaient pas la perspectives d'un divorce avec le reste de l'île avec enthousiasme.
"Souvenez-vous que nous sommes une île... il y a l'Ecosse, l'Angleterre et le Pays de Galles sur cette île", a rappelé Frank, 55 ans, retraité du système national d'assurance-maladie NHS. "Je suis fier d'être Ecossais, je voulais l'indépendance, mais financièrement, mes petits-enfants ne peuvent pas se permettre d'être indépendants", a-t-il dit à l'AFP.
"Qu'est-ce-que nous avons en Ecosse? Nous avons du whisky, mais les Japonais aussi font du whisky. Nous avons les kilts, mais n'importe qui peut acheter un kilt bon marché fabriqué en Chine. Nous avons du pétrole, il est dans les choux", s'emporte-t-il, pas convaincu que son pays puisse subsister tout seul.
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