Comme annoncé, le choix des Britanniques de sortir de l'Union européenne lors du référendum de jeudi a déclenché un séisme politique, avec l'annonce de la démission du Premier ministre David Cameron, et financier.
Les places boursières se sont effondrées et la livre sterling a touché des plus bas de 31 ans. Vendredi, vers 21H00 GMT, la monnaie britannique avait perdu 8,8% face au dollar par rapport à sa valeur de la veille. Et les experts du marché des changes prévoient davantage encore de turbulences.
De nombreux analystes tablent sur un recul des prix de l'immobilier, de nombreux acheteurs potentiels ajournant des transactions du fait de l'incertitude générale.
Mais si certains choisissent d'attendre, d'autres investisseurs étrangers sont sur les dents, convaincus qu'il y a de bonnes affaires à faire.
"Plusieurs de mes investisseurs opportunistes disent qu'il faut y penser sérieusement, avec l'idée de profiter de cette fenêtre", confie Nicholas Brooke, président de Professional Property Services, cabinet de conseil en investissements immobiliers basé à Hong Kong.
- Chine, Hong Kong et Singapour -
Ancien président de la Royal Institution of Chartered Surveyors, un organisme britannique chargé de promouvoir la profession immobilière, M. Brooke observe que certains de ses clients à Hong Kong et en Chine, dotés de capacités financières "conséquentes", l'ont d'ores et déjà sondé.
Pour l'agent immobilier international Knight Franck, la prudence est de mise quand il s'agit d'évaluer les retombées du référendum britannique, mais la chute de la livre entraîne nécessairement une "augmentation importante" du pouvoir d'achat des investisseurs étrangers.
L'intérêt va être marqué en Chine, à Hong Kong ou Singapour, des territoires qui ont d'ores et déjà une solide expérience des investissements immobiliers en Grande-Bretagne, et notamment à Londres, observe Nicholas Holt, spécialiste de la région Asie-Pacifique chez Knight Franck.
Juwai.com, site chinois de recherches immobilières, table déjà sur une hausse de 30% des requêtes en juin par rapport à mai.
Les prix de l'immobilier à Londres sont parmi les plus élevés au monde. Mais avec le référendum, le résidentiel pourrait reculer de 5% sur l'ensemble du Royaume-Uni, et plus encore à Londres, selon le groupe de conseil KPMG.
Le groupe de conseil immobilier Jones Lang LaSalle (JLL) avance que l'ajustement de la valeur du capital, sur deux ans, pourrait être de 10%.
De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a envisagé dans ses évaluations des conséquences du Brexit un scénario défavorable où l'économie britannique sombrerait en récession l'an prochain, entraînant une remontée du chômage de 5% actuellement à 6,5% d'ici deux ans.
Les partisans de la sortie de l'UE, pour leur part, mettent en avant les capacités d'adaptation de l'économie britannique, qui serait dopée par l'arrivée de nouveaux partenaires et d'une immigration choisie.
"La décision du Royaume-Uni de quitter l'UE est un événement historique que nous devons embrasser sans réserve", a déclaré Robin Paterson, coprésident de Sotheby's International Realty au Royaume-Uni.
Pour lui, la sortie de l'UE va favoriser l'émergence sur le marché britannique de nouveaux investisseurs provenant des Etats-Unis et d'Asie.
Jones Lang LaSalle (JLL) prédit de son côté une nette hausse de l'intérêt des investisseurs originaires d'Inde, sachant que de nombreuses fortunes de l'ex-colonie de la Couronne sont déjà présentes sur le marché britannique.
"Il est fort probable que beaucoup plus d'Indiens vont chercher à investir au Royaume-Uni", avance Anuj Puri, président de JLL en Inde.
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