Les 967.500 personnes inscrites sur les listes électorales dans le département pourront de 08H00 à 18H00, et jusqu'à 20H00 à Nantes, répondre par "oui" ou par "non" à la question: "Êtes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes?".
Le résultat, connu dimanche soir, doit décider des suites à donner à ce projet d'aéroport, décidé dans les années 60 et déclaré d'utilité publique en 2008.
En cas de victoire du "non", le projet sera "abandonné", en cas de victoire du "oui", les travaux débuteront "dès l'automne prochain", a réaffirmé le Premier ministre Manuel Valls à deux reprises, à l'Assemblée nationale mardi et au Sénat jeudi.
Première du genre en France, cette consultation locale avait été annoncée le 11 février par François Hollande, à l'occasion du retour au gouvernement de plusieurs écologistes, dans l'idée de sortir du "blocage" sur ce dossier, qui empoisonne depuis le début de son quinquennat les relations entre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts.
Pour organiser ce scrutin un peu "particulier", qui ne nécessite pas un seuil minimum de 50% de participation pour être validé, l'exécutif a dû prendre une ordonnance modifiant le Code de l'environnement. Taillée sur mesure pour Notre-Dame-des-Landes, elle donne aussi la capacité au gouvernement de lancer, sur d'autres projets, des scrutins similaires, et convoquer les électeurs par décret.
La consultation n'a pas fait l'objet de campagne officielle et il n'y aura pas de commission de contrôle pour veiller au bon déroulement du vote dans chacun des 1.051 bureaux, répartis sur les 212 communes du département.
- Une concession de 55 ans pour Vinci -
Dénonçant une consultation "biaisée" et "illégitime", notamment en raison de son périmètre réduit à la seule Loire-Atlantique, réputée plus favorable au "oui", des associations et des particuliers ont tenté de faire annuler le scrutin par le Conseil d'État. Mais ce dernier l'a déclaré conforme, lors de deux décisions, lundi et mercredi.
Des responsables politiques, d'Europe Ecologie-Les Verts et du Parti de gauche, et les associations opposées de longue date au projet, ont annoncé qu'ils ne respecteraient qu'un seul résultat, la victoire du "non".
Même si peu favorable à l'origine à ce "référendum" consultatif, qui vient après la validation de toutes les procédures, le camp du "oui", collectivités locales en tête, a exhorté à une mobilisation massive dimanche. Dans le collimateur: les "zadistes", ces occupants anticapitalistes de la "Zone d'aménagement différé" prévue pour l'infrastructure, et que ces derniers ont rebaptisée "Zone à défendre".
Mais une météo estivale, le match de l'équipe de France pour l'Euro 2016, et la lassitude des habitants sur un dossier quinquagénaire pourraient éloigner les électeurs des urnes.
"L'Aéroport du Grand Ouest", dont la concession a été attribuée en décembre 2010 au groupe de BTP Vinci pour une durée de 55 ans, devait initialement accueillir ses premiers avions en 2017. Les travaux n'ont jamais démarré.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, ancien maire PS de Nantes et l'un des plus fervents défenseurs de ce projet, avait bien tenté à l'automne 2012 d'expulser les occupants de la Zad, lors de l'opération "César", mais celle-ci avait été suspendue pour mettre en place une commission du dialogue. Cette dernière avait conclu à l'utilité du projet, tout en recommandant des améliorations, notamment sur le plan des mesures de compensation environnementales.
Le projet de nouvel aéroport continue d'être vivement contesté dans les tribunaux et sur le terrain. Le 27 février, quinze jours après l'annonce de ce référendum, entre 15.000 et 50.000 opposants, selon la police et les organisateurs, s'étaient réunis sur la Zad.
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