La cour s'est montrée plus clémente que l'avocate générale Sophie Taupin, qui avait requis 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre de cette mère de 36 ans, jugée en récidive légale, tout en ouvrant la voie à une peine moins lourde.
Moins lourde surtout que les 23 ans de réclusion infligés en 2015 par les assises de l'Ain pour avoir noyé dans le bac à douche ses deux nouveau-nés, l'un en 2011, six jours après sa naissance, et l'autre en 2012.
Une peine "hors normes", comparée à d'autres condamnations pour infanticides, selon la défense. Mais qui résulte, selon elle, de sa condamnation "injuste", en 2005, à 15 ans de réclusion pour un premier infanticide qu'elle n'avait en fait pas commis. Mais contre laquelle elle n'a pas fait appel.
"Je m'en remets à vous! Essayez de trouver la juste peine. Je vais en proposer une, je ne sais pas si c'est la bonne!", a déclaré à la cour Mme Taupin, se refusant à "faire des comparaisons" avec d'autres affaires d'infanticides.
"Les choses sont un peu faussées car le curseur (de la première peine) était placé trop haut" en 2005, du fait que la mère de l'accusée avait étranglé le nouveau-né de son propre chef, a-t-elle reconnu.
"Nous sommes très satisfaits car nous avons le sentiment d'avoir été entendus et compris", s'est félicité l'avocat de l'accusée, Me Jean-François Canis. Il avait demandé que sa cliente "soit jugée comme les autres" mères infanticides et que sa peine "soit dans la norme".
Dans un réquisitoire empli d'empathie, Mme Taupin a souligné le "décalage entre la mère infanticide et la petite fille fragile", entre "l'être et le paraître" de cette fille de militaire, "travailleuse, souriante, serviable", mais aussi "profondément seule et malheureuse", "immature", "menteuse" et "qui subit" son entourage.
"Si ses mensonges n'avaient pas existé, ça aurait pu changer la donne", a spéculé la magistrate, déplorant que l'accusée ait fait croire qu'elle respectait son suivi psychologique après ses huit ans de détention pour le premier infanticide.
"Elle a fait des choix raisonnés dont elle connaît les conséquences", a estimé Mme Taupin pour qui "ses grossesses n'étaient pas une fatalité et la mort des nourrissons non plus".
Elle "n'a pas voulu envisager l'adoption ou l'accouchement sous X car elle a un rapport de possession avec ses enfants. Elle veut les garder à côté d'elle", a-t-elle ajouté.
La cour a par ailleurs suivi la magistrate en assortissant la condamnation d'un suivi socio-judiciaire de 10 ans, et cinq ans de prison en cas de non-respect du suivi.
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