"Pour nous qui sommes des enfants de la guerre et en avons toujours été témoins, est venu le moment de changer tout ça et que les prochaines générations soient celles de la paix", a déclaré à l'AFP José Felipe Fernandez, originaire du Tolima, l'un des départements les plus affectés par le conflit armé.
Pour ce garçon d'une vingtaine d'années, sa génération a vécu jeudi une journée "historique" avec la signature à Cuba de cet accord entre le gouvernement du président Juan Manuel Santos et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), avant la conclusion définitive de la paix attendue dans quelques semaines.
Maria Elena, qui sert du café aux ouvriers et employés qui se pressent vers leur travail sur les trottoirs du centre historique de Bogota, estime cependant qu'il reste beaucoup à faire. "La paix, ce n'est pas quelque chose qui se signe et puis c'est tout", dit-elle. "En fait, je ne crois pas qu'ils rendent les armes", ajoute cette femme en refusant de préciser son identité complète.
Un écran géant avait été dressé jeudi au coeur de la capitale pour la retransmission en direct de la cérémonie au cours de laquelle le chef de l'Etat et le leader des Farc, Timoleon Jimenez alias "Timochenko", ont signé cet accord décisif pour une "paix tant attendue", selon Mariano Carranza, un passant qui faisait cirer ses chaussures dans la rue.
- 'Vive la paix!' -
L'euphorie est allée croissant tout au long de la journée et il n'a manqué ni de chansons, de danses, de sourires, de baisers, de prières, de larmes, ni de vivats pour saluer cet immense espoir de voir se terminer une guerre qui a fait au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
Par centaines, ils se sont rassemblés au croisement de la 7e rue et de l'avenue Jimenez. C'est là qu'en 1948 est tombé le charismatique leader politique Jorge Eliecer Gaitan, dont l'assassinat avait provoqué de gigantesques manifestations, marquant le début de La Violence, comme les Colombiens appellent cette période génératrice du conflit qui a ensuite impliqué guérillas d'extrême gauche, milices paramilitaires et forces armées.
"Cela me donne la chair de poule de voir ça, pour tous les Colombiens qui ont été assassinés, déplacés, exilés", s'exclame Luis Alberto Acosta, 53 ans, et ce professeur d'histoire originaire de Barranquilla, sur la côté caribéenne, mais déplacé à Bogota par les violences contre les leaders étudiants, de se réjouir du "changement".
Gabriel Menendez, étudiant en Sciences politiques de 21 ans, dit sentir l'Histoire avec un H majuscule "traverser" son corps, et il pleure d'émotion en racontant comment il a appris par les réseaux sociaux qu'un accord allait enfin faire taire les fusils.
Luisa Diaz, autre déplacée du conflit mais d'Arboledas, village du département Norte de Santander investi au long des années par "tous les groupes armés", se montre plus prudente. "Avec cette signature, nous n'allons pas tout soigner, mais c'est un bon début", estime cette femme de 71 ans, qui a perdu ses grands-parents et un cousin dans la guerre.
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