Les véhicules les plus polluants, dont les voitures immatriculées avant le 1er janvier 1997, vont être interdits de circulation en semaine et en journée dans Paris intra-muros à partir du vendredi 1er juillet.
"Je comprends la démarche au niveau de la pollution, mais c'est arrivé de façon assez abrupte", explique à l'AFP Isabelle, 44 ans, habitante du XVe arrondissement et propriétaire depuis 20 ans d'une Citroën 2CV de 1982.
"Je suis au RSA, ça veut dire que ma voiture, qui ne me coûte pas cher, je ne peux pas la remplacer", ajoute-t-elle, même si elle ne se sert de son auto qu'en appoint en semaine, et pour sortir de Paris le week-end.
"Je vais continuer à rouler avec, ils ne se rendent pas compte que l'on n'a pas les moyens de changer", renchérit Caroline Khebbache, une gardienne d'immeuble de 41 ans qui circule dans Paris en Renault Twingo de 1994, pratique à garer.
En cas d'infraction, elle s'expose à 35 euros d'amende dès cette année puis à 68 euros en 2017.
"Chaque cas est un cas particulier", relève Pierre Chasseray, délégué général de l'association "40 millions d'automobilistes" (40MA) qui tente de liguer les propriétaires s'estimant lésés.
Parmi ceux qui ont rejoint une action collective de 40MA devant le tribunal administratif figurent selon lui "quelqu'un qui emmène sa soeur à l'hôpital chaque semaine pour de la chimiothérapie" et "des serveuses qui travaillent la nuit" à Paris, quand les liaisons avec la banlieue sont plus ardues.
"Ceux qui possèdent les vieux véhicules aujourd'hui en France sont ceux qui n'ont pas les moyens, ça relève moins d'un choix personnel que d'une contrainte économique", remarque Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile.
- "Changement de comportement" -
Difficile de savoir combien de voitures seront concernées, le parc automobile existant, la proportion de ces véhicules qui entrent ou circulent dans Paris lors des futures plages d'interdiction, et leur âge.
Selon une étude du site européen d'annonces AutoScout24 publiée jeudi, sur 6,12 millions de véhicules immatriculés en Ile-de-France, près de 700.000 ont plus de 19 ans, dont 74.900 à Paris.
Mais la part modale de l'automobile au sein de la capitale est faible: 7% des déplacements, selon une étude de la direction de l'Equipement fin 2013. De même source, seuls 26% des Parisiens possédaient une voiture en 2010, et 65% de ces automobiles n'étaient pas utilisées lors des jours ouvrés.
Pour les déplacements banlieue-Paris, la part de l'auto monte à 25%, en forte baisse sur dix ans toutefois (-10 points).
Les nouvelles règles vont provoquer "un changement de comportement" chez les propriétaires de vieux véhicules venus de banlieue, qui les gareront aux portes de Paris et poursuivront en transport en commun, prédit Jérôme Ponsin, directeur général de LaCentrale.fr, spécialiste des petites annonces automobiles.
40MA promet une "décote de 50%" pour ces voitures et donc un "préjudice économique". AutoScout24 évoque l'arrivée de 300.000 voitures d'avant 1997 sur un marché de l'occasion qui serait incapable de les absorber.
M. Ponsin doute que la nouvelle situation provoque un phénomène aussi massif.
Les propriétaires de ces véhicules "vont continuer à en avoir besoin en dehors de Paris et les conserver", assure-t-il, disant penser que "sur quelques mois, on va observer quelques centaines ou milliers de mouvements" au plus, non significatifs sur la masse de transactions: 5,6 millions d'occasions ont changé de mains en France l'année dernière.
Les vieilles voitures "non grata" à Paris "représentent une faible part du parc (...) on peut penser que l'impact sera quasi nul" sur les prix, indique lui aussi M. Neuvy.
En outre, ces automobiles déjà dépréciées à 3.000 euros ou moins "sont celles qui se vendent le plus rapidement" car elles satisfont une forte demande de jeunes ou de ménages aux revenus modestes pour qui une voiture constitue un besoin "fondamental" en dehors des zones bien desservies par les transports en commun, explique M. Ponsin.
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