"On a fait campagne pendant tellement longtemps. J'ai croisé peu de personnes pour le 'Remain'. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point les gens en ont ras-le-bol de l'Union européenne", jubile Georgina Thorburn, une chef d'entreprise et militante du parti europhobe Ukip.
La soirée dans cet immeuble sans charme au centre de la capitale, non loin de Westminster, commence pourtant timidement. Surtout que Nigel Farage, le leader de l'Ukip, se montre d'abord pessimiste quant aux chances du "Leave" (partir, de l'UE) de l'emporter.
Mais au fil des résultats positifs, l'ambiance se réchauffe, jusqu'à devenir volcanique lorsque "tombe" Basildon, une ville du grand Londres.
"Basildon, Basildon, Basildon!", chante la foule, de plus en plus fébrile.
Certains débouchent aussitôt une nouvelle bouteille. D'autres proposent d'attaquer dès à présent au gros gâteau "Leave" en forme de bouteille de champagne qui trône sur une table décorée aux couleurs de l'Union Jack. Prudents, la plupart conseillent d'attendre.
Nigel Farage, en réunion avec son état-major, boit du petit lait et retrouve des couleurs.
Puis, soudain, au milieu de la nuit, il tweete: "Je commence à rêver que l'aube se lève sur un Royaume-Uni indépendant". Les caméras de télévision se ruent sur lui. Il leur répète la même phrase et se délecte devant une Europe à genoux.
- 'L'UE est finie, l'UE est morte' -
"L'UE est finie, l'UE est morte", lance-t-il sous les applaudissements de ses supporters qui explosent complètement lorsque la BBC annonce, quelques minutes plus tard, un Brexit.
"On n'était pas très confiants, cela restera comme le résultat le plus incroyable jamais vécu par ce pays pour très longtemps", lance Oliver Huitson, responsable de la presse des eurosceptiques travaillistes, se félicitant d'une "victoire contre l'establishment global".
Un sentiment de revanche était dans l'air alors que le Brexit était donné perdant par les sondages, les marchés et les experts.
"Les pro-Remain sont en train de se faire virer un par un, exulte l'homme d'affaires, Alex Story. Les partis politiques ont perdu le contact avec le peuple. Ils sont si éloignés des électeurs qu'ils ne les entendent plus. Pour moi c'est quasi impossible que (le Premier ministre David) Cameron et (le ministre des Finances George) Osborne gardent leur poste."
Thème phare de la campagne, l'immigration est sur toutes les lèvres.
"Nous sommes une petite île, on ne peut pas faire face. Il n'y a plus de place dans les écoles, dans les hôpitaux. Nous n'avons aucune possibilité de contrôler le flux de l'immigration à l'intérieur de l'UE", s'émeut Georgina Thorburn.
En Asie, les bourses dégringolent, la livre Sterling chute lourdement. "La faute à Downing Street et aux institutions internationales complices", écrit Leave.EU dans un communiqué.
Au Lexington, un pub dans le quartier d'Angel au nord de Londres, c'est l'abattement prime. Ici, on est majoritairement pour un maintien dans l'UE.
"Les Londoniens sont différents, on a une autre identité. Je me sens Londonien d'abord, puis Européen, puis Britannique", explique Beverly David, 33 ans.
"C'est un vote de protestation à l'échelle internationale, le résultat de trente ans de politiques néo-libérales", tranche Julius Beltrame, 39 ans.
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