"C'est un processus mené à la hussarde. Il n'y a pas de volonté d'équilibre et de rassemblement", a dénoncé jeudi auprès de l'AFP Gilles Boyer, directeur de campagne du candidat à la primaire, à propos des investitures pour les législatives de 2017 décidées par la Commission nationale d'investiture (CNI) du parti.
"L'accord politique" entre les différents candidats à la primaire "n'a pas été respecté", a également affirmé M. Boyer. Si bien qu'Alain Juppé ne se sent "pas engagé" par ces décisions. D'autant que selon lui, les candidats juppéistes ont été "écartés", notamment Maël de Calan (Finistère).
De toutes façons, argumente M. Boyer, il ne s'agit que de "pré-désignations", car ces investitures ne seront validées qu'en décembre, soit après le résultat de la primaire des 20 et 27 novembre. Si le maire de Bordeaux l'emporte, "des investitures seront revues", a-t-il prévenu.
Ainsi, Alain Juppé "proposera naturellement d'accorder l'investiture à Frédéric Lefebvre", a tweeté Gilles Boyer. La ré-investiture du député des Français de l'étranger (Amérique du Nord), ex-proche de M. Sarkozy souvent en désaccord avec la ligne de son parti, a été cette semaine "reportée".
En tant que député sortant, il aurait pourtant dû être automatiquement reconduit, selon la décision de LR de réinvestir tous les sortants.
Le moment opportun pour les investitures, avant ou après la primaire de l'automne prochain, avait fait l'objet d'un bras de fer il y a quelques semaines.
Christian Estrosi, président de la CNI, a immédiatement réagi, se déclarant auprès de l'AFP, "surpris et blessé" par la "méthode utilisée par M. Juppé pour remettre en cause" son travail, d'autant qu'il assure "communiquer régulièrement" avec le maire de Bordeaux.
- "Toujours la même vieille politique" -
"Si M. Juppé devait maintenir sa position, je soumettrais mercredi prochain à un vote de confiance du bureau politique mon maintien à la présidence de notre commission", a-t-il affirmé.
Parmi toutes les investitures - "488" sur 577, selon M. Estrosi - l'une fait particulièrement hurler dans la classe politique: celle de Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
Mis en examen à quatre reprises -pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale, corruption passive et déclaration mensongère de patrimoine- cet ami de Nicolas Sarkozy a été réinvesti comme tous les sortants.
"On ne peut pas accepter que la vie politique soit dévalorisée par les appareils de parti au point de réinvestir systématiquement des gens qui sont ouvertement convaincus d'atteintes graves à la morale publique et à l'intégrité qui doit être celle des élus", a réagi François Bayrou, président du MoDem, jeudi auprès de l'AFP.
Face à des "appareils de parti devenant provocateurs", il souhaite présenter aux électeurs un candidat maison contre M. Balkany.
"Toujours la même vieille politique !", avait dénoncé la veille sur Twitter Bruno Le Maire, député LR de l'Eure, également en course pour la primaire de l'automne et qui se fait fort d'incarner le "renouveau".
Pour son soutien Franck Riester, député de Seine-et-Marne, c'est "un très mauvais symbole" alors que "la classe politique est (...) discréditée".
Lui aussi candidat à la primaire, le député de la Drôme Hervé Mariton a jugé jeudi sur France Info cette "confiance" à M. Balkany "parfaitement choquante".
A gauche, cette investiture faisait également réagir. "Investi, Balkany vire en tête avant le 1er tour! Il a le plus grand nombre de mises en examen des candidats LR", a ironisé le député PS Christophe Castaner sur Twitter.
A l'inverse, le député européen Renaud Muselier et l'ex-ministre LR Claude Guéant ont défendu le maire de Levallois. Le premier a invoqué "la présomption d'innocence". "Le peuple tranchera", a affirmé le second.
Autre candidat investi, qui a lui aussi des démêlés avec la justice: l'ancien secrétaire d'Etat Georges Tron, renvoyé aux Assises pour viol, a été investi dans l'Essonne, bien qu'il soit non sortant.
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