"Un rêve commence à devenir réalité", a tweeté le président colombien Juan Manuel Santos, avant d'embarquer vers Cuba pour "faire taire les fusils à jamais".
Devant plusieurs chefs d'Etat et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le président colombien et le chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) Timoleon Jimenez doivent signer à la mi-journée un document sans précédent sur les conditions d'une future cessation définitive des hostilités.
Cette étape décisive permet enfin d'envisager bientôt la fin du plus vieux conflit d'Amérique latine, qui a fait depuis 52 ans au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
L'accord, révélé mercredi par les négociateurs en pourparlers depuis trois ans et demi à Cuba, constituait le dernier point épineux en suspens.
Le texte définit à la fois les modalités de "l'abandon des armes, des garanties de sécurité (pour la rébellion) et de la lutte contre les organisations criminelles", ont indiqué mercredi les négociateurs.
Ces derniers n'ont toutefois pas avancé de date pour l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Sur le terrain les accrochages armés se sont raréfiés ces derniers mois, notamment à la faveur d'une cessation unilatérale des hostilités observée par la rébellion depuis juillet 2015 en marge des pourparlers.
En début de semaine, M. Santos avait estimé que le dialogue de paix pourrait parvenir à sa conclusion le 20 juillet - fête nationale en Colombie -, date à laquelle l'exécutif et la guérilla ont prévu de se réunir.
Le commandant des Farc s'est voulu plus prudent, avertissant dans un tweet que la paix ne serait possible que si les négociateurs du gouvernement "ne profitent pas des dernières minutes pour (tenter) d'obtenir ce qu'ils n'ont pas pu obtenir depuis quatre ans".
Il a en outre rappelé que "l'entrée en vigueur de cet accord reste à définir".
- 'Adieu la guerre' -
A Bogota, plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées en fin de matinée devant un écran géant installé dans le centre-ville. Dans de nombreuses villes du pays, les Colombiens accrochaient à leurs portes des couronnes florales disant "Adieu à la guerre", ou "Demeure en paix, guerre en Colombie 1964-2016", en écho aux Unes de la plupart des journaux du pays.
"J'exulte, je suis très très heureux", a confié à la radio colombienne BluRadio l'ancien président colombien Belisario Betancur (1982-1986), qui avait lancé en 1984 la première des quatre tentatives de pourparlers menées à ce jour par le gouvernement avec les Farc.
Un fois signé l'accord de fin de conflit, le dernier point à résoudre sera le mécanisme de ratification de l'accord de paix final.
Le président Santos souhaite un référendum tandis que les Farc, après avoir longtemps exigé une Assemblée constituante, se sont récemment déclarées ouvertes à une consultation populaire, permettant d'envisager une résolution prochaine de cet ultime volet.
Lors de cette cérémonie de signature à La Havane, rébellion et gouvernement doivent notamment lever le voile sur les modalités de la démobilisation des Farc, dont les quelque 7.000 combattants devraient être placés dans des zones de concentration.
Il est déjà prévu que le désarmement de cette guérilla, issue en 1964 d'une insurrection paysanne, se déroule sous la surveillance d'une mission des Nations unies.
Si cette paix est conclue avec les Farc, cela ne signifiera pas pour autant la fin du conflit en Colombie, où la seconde guérilla du pays, l'Armée de libération nationale (ELN), et les bandes criminelles principalement issues d'anciens groupes paramilitaires continuent de défier le gouvernement.
L'espoir est toutefois permis avec cette avancée décisive conjuguée à l'annonce, en mars, du lancement prochain de pourparlers de paix entre Bogota et l'ELN après plus de deux ans de conversations préliminaires confidentielles.
Dans le cadre des pourparlers ouverts en novembre 2012 avec les Farc, le volet "fin de conflit" constitue le cinquième des six points du calendrier à avoir fait l'objet d'un accord, après la réforme agraire, le trafic de drogue, les réparations aux victimes (qui inclut la justice s'appliquant aux ex-belligérants) et la participation politique des guérilleros démobilisés.
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