Le 17 octobre 2013, un reportage de l'émission "Envoyé spécial" sur France 2 avait montré Anne-Sophie Leclère, propriétaire d'un magasin d'articles de pêche à Rethel, dans les Ardennes, qui s'efforçait de monter une liste pour les élections municipales de 2014.
Questionnée alors sur un photomontage publié sur sa page Facebook et qui montrait d'un côté un petit singe et de l'autre la garde des Sceaux, avec les légendes "à 18 mois" et "maintenant", Mme Leclère avait notamment répété, "c'est une sauvage", et déclaré: "à la limite je préfère la voir dans un arbre (...) que de la voir au gouvernement". Elle avait ensuite été exclue du parti d'extrême-droite.
"Propos hallucinants", a étrillé la procureure dans son réquisitoire, "purement racistes" qui de surcroît, tenus à l'égard d'un membre du gouvernement par une candidate à une fonction élective, représentent "une atteinte à la République".
Mme Taubira a été visée par de nombreuses attaques racistes du même acabit, qui ont par exemple donné lieu à la condamnation du directeur de l'hebdomadaire d'extrême-droite Minute à 10.000 euros d'amende.
Devant le tribunal correctionnel de Paris, Anne-Sophie Leclère, aujourd'hui âgée de 36 ans, a exprimé ses regrets, expliqué qu'elle s'était retrouvée prise de court lorsque lui a été présenté ce montage. Elle a dit ne pas l'avoir mis en ligne et retiré de sa page Facebook sans pouvoir indiquer qui l'avait publié.
"Un mot en a entraîné un autre", a-t-elle déclaré, le soir de la diffusion de l'émission, "je n'ai pas dormi de la nuit", se demandant comment elle a pu "sortir ça". "Je regrette tout", d'avoir reçu ces journalistes, "d'avoir blessé énormément de personnes", à commencer par Mme Taubira "bien sûr" et "toute le communauté noire", "j'ai un ami qui est noir, une grand-tante qui est noire".
Pour son avocat, Me Jérôme Triomphe, il existe un "doute sérieux" sur l'intention de Mme Leclère que ses propos soient publiés. Selon lui, dans cette affaire s'est abattu sur elle un "tsunami".
Il s'agit du troisième procès pour Mme Leclère, le premier où elle était présente.
Lors du premier procès, en juillet 2014, le tribunal correctionnel de Cayenne (Guyane), ancienne terre d'élection de Christiane Taubira, l'a condamnée à neuf mois de prison ferme et cinq ans d'inéligibilité.
Condamnation annulée il y a un an jour pour jour par la cour d'appel, qui a jugé "irrecevable" l'action menée par l'association Walwari (un mouvement cofondé par l'ancienne garde des Sceaux début 1993).
Mais parallèlement à cette procédure initiée en Guyane par Walwari, le parquet de Paris avait ouvert une enquête, qui donne lieu à ce procès devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris.
Ainsi, son avocat considère que sa cliente ne peut être à nouveau jugée pour ces faits, le parquet estimant le contraire.
A l'occasion du long rappel des méandres procéduraux de cette affaire, le président Alain Bourla a souligné que Mme Taubira, "garde des Sceaux, ministre de la Justice" n'avait "pas signalé" au parquet de Paris de l'existence de la procédure en cours à Cayenne.
Délibéré le 28 septembre.
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