Mercredi 22 juin 2016, au palais de justice d'Alençon (Orne), les assises jugent en appel un homme âgé de cinquante huit ans. Il est le meurtrier présumé de sa compagne, avec laquelle il vivait depuis dix-huit ans, et avec laquelle il a eu deux filles. Il a été condamné en première instance, par les assises de la Manche, à 30 ans de prison ferme, assorti d'une peine de sûreté de 20 ans.
L'accusé a fait appel, jugeant cette peine trop lourde.
Un crime maquillé en accident
Il fait nuit, ce 3 mars 2012, vers 21h40. Un automobiliste roule sur le corps nu d'une femme, qui gît sur la départementale 339 à Feugères, entre Saint-Lô et Lessay, dans la Manche. Le conducteur s'arrête. A l'audience, il témoigne par visioconférence, visiblement toujours très marqué par ce qu'il a vécu : une autre voiture arrive alors en face, un homme alcoolisé en sort. Il lui demande de partir et explique qu'il va s'occuper de tout.
Il s'agit du meurtrier présumé. Il aurait voulu maquiller son crime et expliquer que le malheureux automobiliste avait commis un délit de fuite, après avoir percuté sa femme.
100 coups de couteau
Mais c'est d'une centaine de coups de couteau qu'est décédée la victime. Sur le sexe, les fesses, les seins. Bien vite, les soupçons pèsent sur le concubin : Bruno Gourdel, 58 ans, alcoolique notoire. Très violent lorsqu'il est ivre.
Sa première femme, avec qui il a eu cinq enfants, l'a quitté pour cette raison : elle en avait marre des coups de poing dans la figure et des viols à répétition. Marre aussi de ses promesses de sevrage à l'alcool, jamais concrétisées. Déjà connu de la justice pour des violences sur sa compagne, il a fait un séjour en prison. "L’alcool le rendait fou", dira à la barre sa première femme.
Par la suite, il se mettra en couple avec la victime.
Le témoignage des filles du meurtrier de leur mère
Temps fort de cette première journée d'audience : les deux filles du couple sont venues témoigner.
La plus âgée n'a que 16 ans. Elle a elle aussi subi les coups de son père, lorsqu'il était ivre et qu'elle s'interposait entre lui et sa mère. Elle déclare à la barre : "Il faisait peur à ma mère, je le sais. Je ne le considère plus comme un père, il a tué ma mère. Ça fait drôle de parler d'elle au passé. Et quand j'ai enfin été placée en foyer, j'ai respiré."
Bruno Gourdel reste impassible. Son avocate le malmène, essaie de le faire réagir, lui arrache un "je m'excuse". L'avocat général explose : "c'est télécommandé." Le président du tribunal constate : "vous n'avez pas l'air d'avoir d'émotions."
Va-t-il enfin s'expliquer ?
En première instance, devant les assisses de la Manche, l'accusé n'avait rien dit. Mais là, il a indiqué qu'il allait parler, expliquer ce qui s'est passé.
Le verdict est attendu vendredi 24 juin. Bruno Gourdel encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
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