Les derniers sondages annoncent un résultat très serré à l'issue de ce scrutin déterminant pour l'avenir politique et économique du Royaume-Uni.
Les deux camps tenteront de convaincre les derniers indécis lors d'un débat mardi soir à la Wembley Arena au cours duquel s'affronteront, devant 6.000 personnes, le chef de file des pro-Brexit (ou British Exit, sortie de l'UE) Boris Johnson, ex-maire de Londres, et son successeur, Sadiq Khan.
Une enquête d'opinion d'ORB pour le Daily Telegraph donnait lundi une avance de deux points aux partisans du maintien, à 49%. L'institut YouGov donnait lui, pour le Times, un léger avantage au camp adverse, avec 44% (contre 42%).
Les sondages ont été réalisés en grande partie après le meurtre jeudi à coups de couteau et par balles de Jo Cox, fervente opposante au Brexit, à qui le parlement britannique a rendu hommage lundi.
Le Premier ministre David Cameron a lancé un appel à l'union "contre la haine qui a tué" cette parlementaire.
L'une des figures de proue du camp du Brexit, Nigel Farage, chef du parti europhobe Ukip, a lui accusé David Cameron et le camp du maintien d'instrumentaliser le meurtre de la députée pro-UE.
Une certaine fébrilité semblait gagner le camp du Brexit, qui avait le vent en poupe jusqu'à la mort de Jo Cox.
- Mensonges et haine -
Une ex-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, la conservatrice Sayeeda Warsi, a fait défection du camp pro-Brexit, se disant écoeurée par la campagne, dans un entretien au Times paru lundi.
"Sommes-nous prêts à raconter des mensonges, à répandre la haine et la xénophobie juste pour gagner une campagne? Pour moi, c'est allé trop loin", a-t-elle dit. Elle dénonçait notamment une affiche de campagne de M. Farage, qui montre une colonne de réfugiés avec la mention "Breaking point" (Point de rupture).
Cette affiche a attisé les divisions du camp pro-Brexit, Michael Gove, le ministre de la Justice et l'un des ténors de la campagne "Vote Leave" ayant avoué qu'elle l'avait fait "frissonner".
L'auteur présumé du meurtre de la députée, Thomas Mair, 52 ans, a lui brièvement comparu lundi par vidéoconférence devant le tribunal londonien de l'Old Bailey. L'audience a été renvoyée à jeudi.
Lors de sa première comparution samedi, il avait lancé "Mort aux traîtres, liberté pour le Royaume-Uni" devant le tribunal de Westminster, qui a ordonné une expertise psychiatrique.
- 'Vendredi noir' -
Franchement plus optimistes que les sondages, les bookmakers misaient sur la poursuite de l'aventure européenne. Les maisons de paris William Hill et Paddy Power calculaient cette probabilité à 82%.
La Bourse de Londres a pris plus de 3% lundi, et la livre se reprenait également, les investisseurs mettant de côté - au moins temporairement - leurs inquiétudes sur un Brexit.
L'ex-maire de Londres Boris Johnson a appelé les Britanniques à "changer le cours de l'histoire européenne", dans sa tribune hebdomadaire publiée dans le Daily Telegraph.
Dans le camp europhile, le chef de la diplomatie Philip Hammond a lui averti depuis Luxembourg que "la Grande-Bretagne ne pourra plus jamais rejoindre l'UE à une date ultérieure si ce n'est à des conditions qui seraient inacceptables".
Les partisans du maintien ont également reçu le soutien de dix prix Nobel d'économie qui, dans une lettre au quotidien The Guardian, ont prévenu qu'un Brexit fragiliserait l'économie britannique pour de "nombreuses années".
Dans le même journal, le milliardaire américain George Soros a prédit un "vendredi noir" en cas de Brexit, anticipant une chute d'au moins 15% de la valeur de la livre sterling.
"Alors, ironiquement, la livre vaudrait à peu près un euro", a relevé M. Soros, qui s'était enrichi en spéculant contre la devise britannique lors du "mercredi noir" en 1992.
Côté européen, le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, a affirmé que Londres ne pourrait pas agir "en passager clandestin" de l'UE en cas de sortie.
Le président du Conseil européen Donald Tusk a, lui, reconnu à Lisbonne que le référendum en soi était "un signal d'alarme" que l'UE ne pourrait ignorer.
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