Depuis février, une commission parlementaire française planche sur les moyens de lutter contre le terrorisme, cumulant quelque 200 heures d'audition d'une soixantaine de personnalités et visitant plusieurs pays, comme les Etats-Unis récemment, pour étudier leur réponse face au phénomène.
Début avril, les parlementaires français s'étaient rendus en Belgique. Lundi, c'était au tour des parlementaires belges chargés d'examiner les circonstances qui ont conduit aux attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles (32 morts) de se rendre à Paris.
"Je ne peux que répéter l'importance d'une bonne coopération bilatérale entre nos deux pays", a déclaré Patrick Dewael, président de la commission belge. Il a déposé lundi matin une gerbe de fleurs devant la salle de spectacle du Bataclan, où 90 personnes ont été tuées lors des attaques parisiennes du 13 novembre, qui ont fait 130 morts au total.
Frappés en plein coeur, dans leurs capitales respectives, par la même cellule du groupe Etat islamique (EI), les deux pays ont des ennemis communs.
Lundi, ils ont évoqué le cas d'Abdelhamid Abaaoud, Belgo-Marocain de 27 ans suspecté d'avoir joué un rôle central lors des attaques de Paris, et parvenu à se rendre dans la capitale française malgré un mandat d'arrêt international. Et celui de Salah Abdeslam, suspect-clé du 13 novembre, qui a regagné la Belgique quelques heures après les attentats et a été en cavale durant quatre mois.
"Nous essayons de comprendre ces failles dans la circulation et la surveillance de ces individus", a expliqué Georges Fenech, qui préside la commission d'enquête parlementaire française.
- Coopération très étroite -
"On a partagé nos expériences", "on apprend l'un de l'autre", a renchéri M. Dewael.
Si, avant les attentats du 13 novembre, "le dialogue aurait pu être perfectible" entre les deux pays, aujourd'hui la coopération entre les services de renseignement est "totale et de qualité", s'est félicité Sébastien Pietrasanta (PS), rapporteur de la commission française. "On a senti qu'il y avait un +avant+ et un +après+ 13 novembre."
Des équipes communes d'enquête travaillent, et le procureur de Paris François Molins, qui a déjeuné avec la délégation belge, s'est félicité de la "coopération très étroite" entre le parquet fédéral belge et le parquet de Paris, a rapporté M. Fenech.
Mais des différences perdurent. En matière de terrorisme, "en Belgique, il y a une garde à vue de 24 heures, à la différence de notre système de garde à vue qui peut aller jusqu'à 96 heures, voire six jours", a pointé le député Les Républicains. "Nous espérons, mais ça relève de la souveraineté de l'Etat belge, peut-être une plus grande harmonisation des procédures", a soulevé M. Fenech.
Selon lui, le procureur de Paris a aussi évoqué la "question des moyens de la justice, qui sont en train d'arriver" et la "masse considérable d'affaires" liées au terrorisme: "900 individus font l'objet d'instructions, c'est énorme", a commenté M. Fenech.
Belges et Français ont insisté sur la nécessité d'améliorer le partage d'informations en Europe, régulièrement pointé du doigt. Selon Sébastien Pietrasanta, il y a une "grande marge de progression sur le partage d'information et l'alimentation du fichier Schengen".
"L'Europe avance", a déclaré Patrick Dewael, mais "il y a des mécanismes qu'il faut alimenter", a-t-il dit, citant Europol (l'organisation européenne de coordination policière), Eurojust (chargée d'aider les juridictions nationales à travailler ensemble) et Schengen.
La commission parlementaire belge s'est pour l'instant penchée sur les secours apportés aux victimes, et abordera à partir de septembre le fonctionnement des services de police et de renseignement.
De son côté, la commission d'enquête française rendra ses premières conclusions le 5 juillet, avant de publier son rapport le 12 juillet. Elle promet déjà des propositions "fortes".
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