Dans une lettre au numéro un de la CGT, Philippe Martinez, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a jugé que le fait de défiler jeudi à Paris "n'apparaissait pas envisageable".
Malgré les menaces d’interdiction, les sept syndicats qui combattent le projet El Khomri depuis début mars organisent deux nouvelles journées de mobilisation les 23 et 28 juin, partout en France.
Pour Paris, l'intersyndicale d'Ile-de-France (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, Fidl et UNL) a transmis en fin de semaine dernière à la préfecture une demande officielle pour manifester entre Bastille et Nation à partir de 14 heures.
"Nous avons pris la précaution de faire un parcours court permettant d'assurer la plus grande sécurité possible. On a tenu compte des conditions de sécurité, on a essayé d'éviter les grands magasins, etc.", a expliqué Pascal Joly, secrétaire général de l'Union régionale CGT.
Mais la préfecture de police a demandé de son côté un "rassemblement statique en lieu et place de l'itinéraire déclaré". "Un rassemblement statique permet de mieux encadrer et mieux sécuriser la manifestation et de faire en sorte qu'il y ait moins de dégradations", explique-t-on à la préfecture de police.
La réponse ne s'est pas fait attendre: les syndicats ont annoncé qu'ils maintenaient leur demande de parcours. "Tant que ce n'est pas interdit, c'est autorisé", a commenté Benoît Clément de Solidaires Paris.
Depuis le début de la contestation anti-loi travail début mars, les manifestations ont souvent été émaillées de violences à Paris mais aussi à Nantes et Rennes.
Mais, le 14 juin, jour d'une manifestation nationale, la première du genre, la violence est montée d'un cran dans la capitale, avec d'importantes dégradations le long du cortège. L'hôpital Necker-Enfants malades a notamment été pris pour cible, entraînant une condamnation des pouvoirs publics et de la CGT.
Dès le lendemain, François Hollande a averti qu'il n'y aurait plus d'autorisation de manifester si la préservation des "biens et des personnes" ne pouvait être "garantie". Manuel Valls a pointé la "responsabilité" de la CGT, critiquant son attitude "ambiguë" vis-à-vis des casseurs.
Dimanche, le Premier ministre a de nouveau estimé que "les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements" compte tenu du contexte actuel de tensions.
- 'ne pas victimiser la CGT' -
Ces propos ont déclenché un tollé chez les syndicats et une partie de la gauche. La CGT a dénoncé des accusations "inacceptables", et voit dans les menaces "le signe d'un gouvernement aux abois". Le syndicat "ne porte aucune responsabilité sur ce qui se passe en marge des manifestations", a insisté son numéro un, Philippe Martinez, qui s'est interrogé à plusieurs reprises sur des ordres de non intervention qui seraient donnés aux forces de police.
"Manuel Valls se comporte en pyromane", a affirmé Jean-Claude Mailly (FO).
Même Laurent Berger, leader de la CFDT, qui soutient la loi travail, estime qu'interdire de manifester n'est "pas du tout souhaitable", pour deux raisons. "La première (...) est qu'il faut donner la possibilité à chacun de manifester dans de bonnes conditions, à condition évidemment qu'en termes de sécurité, ce soit tenable", "la deuxième raison, c'est que je n'ai pas tellement envie qu'on victimise la CGT".
Avant même toute interdiction, une pétition en ligne intitulée "je ne respecterai pas l'interdiction de manifester" a été lancée la semaine dernière par Jean-François Téaldi, conseiller municipal PCF/FG de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Lundi elle affichait 120.000 signatures.
En revanche, le gouvernement a reçu le soutien de l'opposition. Le candidat à la primaire à droite Jean-François Copé et l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin ont demandé l'interdiction de toute manifestation.
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