Le Premier ministre, lui-même candidat lors de la première primaire du PS en 2011, a dépeint ce processus comme une voie vers l'unité, car "il s'agit d'être au second tour" de la présidentielle.
Un tel scrutin ne dévalorise-t-il pas le statut du président? "Qu'y a-t-il de dévalorisant à retourner devant les Français, à défendre ses idées, à expliquer son action? C'est cela, la démocratie!" a plaidé le locataire de Matignon.
Le numéro un du PS a vanté une initiative avant-gardiste dans le paysage politique français. "Le Parti socialiste a inventé la primaire (pour une présidentielle française, en 2011, ndlr), tout le monde l'a imité. Il invente la primaire pour un président sortant, tout le monde l'imitera", a-t-il parié sur Twitter.
Il y a quelques mois, l'exécutif et le Parti socialiste se montraient pourtant bien plus frileux, voire opposés pour certains, à l'idée d'une primaire.
Franc-tireur, le secrétaire d'Etat Thierry Mandon avait le premier, en novembre 2014, défendu publiquement une primaire, "indispensable" à gauche pour être au second tour, dans une France en "crise démocratique". A l'époque, sa sortie lui avait valu un recadrage.
- 'Faire primer le casting sur le projet' -
En mars 2015, Manuel Valls s'était dit "très méfiant à l'égard de toutes les initiatives qui consisteraient au fond à nous faire revenir à une autre République".Et en février dernier, il avait jugé que le président sortant, "candidat naturel", n'avait "pas à se soumettre à une primaire, qui ne concernera d'ailleurs pas toute la gauche".
M. Cambadélis écartait encore l'idée en septembre: "on ne peut pas vouloir lutter contre la fragmentation et l'organiser en son sein avant la présidentielle".
Puis, début 2016, le premier secrétaire s'était officiellement rallié à l'idée d'une primaire des gauches, sous conditions pour éviter une chausse-trappe pour le président Hollande.
Faute d'accord avec EELV, le PCF et a fortiori Jean-Luc Mélenchon, la primaire se limitera au PS, au PRG et aux écologistes pro-gouvernement. Elle interviendra fin janvier, après la primaire de droite et après la décision attendue en décembre de François Hollande sur une éventuelle candidature à un second mandat.
Dans l'esprit de ces concepteurs, le scrutin doit notamment permettre de redorer le blason d'un président à l'impopularité record, malgré le leitmotiv du "ça va mieux", et de "clarifier la ligne du parti".
Selon un sondage Ifop publié dimanche, François Hollande est retombé en juin, avec 14% de satisfaits, à son niveau d'avril, proche des plus bas depuis son élection (13% à l'automne 2014).
Autre avantage de cette primaire: tenter d'éliminer des rivaux gênants sur l'aile gauche, notamment Arnaud Montebourg.
L'ancien ministre, troisième homme de la primaire de 2011 évincé il y a bientôt deux ans du gouvernement, sera interrogé lundi matin sur Europe 1. Aurélie Filipetti, sa compagne, s'est "félicitée" sur Twitter de l'organisation d'une primaire ouverte.
Ce scrutin pourrait aussi contribuer à isoler Emmanuel Macron, tenté par une candidature hors parti. Le député Richard Ferrand, proche du ministre de l'Economie, a lâché sur Twitter: "soumettre le président sortant à une primaire enterre l'esprit de la Vème République et fait primer le casting sur la vision et le projet".
La droite, qui imitera le PS de 2011 en novembre en menant sa première primaire, a moqué un camouflet pour le président.
Pour M. Hollande, repasser par "sa petite case départ" est "la manifestation de son échec", a déclaré l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. "Erreur" qui "abîme nos institutions et fait le jeu des partis", a regretté l'ancien président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré.
Bruno Le Maire, "pas favorable" à une primaire systématique pour les présidents sortants, a lancé que "la seule chose que sait faire François Hollande, c’est s’occuper du Parti socialiste".
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