"Nous ne sommes pas rancuniers, et nous sommes prêts à faire un pas vers nos partenaires européens", a déclaré le président russe lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg.
Cela "ne peut pas être, bien entendu, à sens unique", a-t-il ajouté. Or l'Union Européenne vient de voter la prolongation d'un an des sanctions décrétées après l'annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée, et elle devrait proroger la semaine prochaine d'autres mesures, plus lourdes économiquement, décrétées contre la Russie en raison de son implication présumée dans le conflit dans l'est de l'Ukraine.
Vitrine de l'économie russe, le forum a montré des Européens cherchant une voie difficile entre fermeté sur la crise ukrainienne et une volonté manifeste de relancer leurs échanges économiques plombés par deux ans de tensions.
Les patrons de multinationales avaient répondu présents en plus grand nombre que l'an dernier, encouragés par la perspective d'une stabilisation de l'économie russe actuellement en récession. Et les responsables politiques ont confirmé l'intensification des contacts observés ces derniers mois au nom de la lutte contre le terrorisme, avec la venue du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et du Premier ministre italien Matteo Renzi.
A l'ouverture du forum jeudi, M. Juncker a rapidement douché les espoirs de ceux qui voyaient dans son déplacement un signe d'un possible adoucissement de Bruxelles: l'application totale des accords de paix de Minsk pour l'est de l'Ukraine "est le seul moyen de commencer notre conversation et le seul moyen de lever les sanctions économiques imposées", a-t-il lancé.
Vendredi pourtant, Matteo Renzi a clairement montré sa volonté de "renforcer" les liens commerciaux entre pays européens, dont l'Italie et la Russie. Il est venu accompagné d'une délégation qui a signé des contrats totalisant 1,3 milliard de dollars, a souligné M. Poutine à l'issue de leur entretien, notamment dans les services pétroliers et gaziers.
- 'Tourner la page' -
"Les sanctions (...) affectent négativement les entreprises russes et européennes. Les deux côtés en souffrent", a regretté le chef du gouvernement italien. "Afin de tourner cette page (...) nous devrions tous faire des efforts", a-t-il dit.
Moscou a menacé de prolonger jusqu'à fin 2017 son embargo sur des produits alimentaires de l'UE, une mesure qui pèse financièrement sur les agriculteurs européens
Les sanctions ont contribué, avec l'effondrement des prix du pétrole, à plonger la Russie dans la plus longue récession depuis l'arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin il y a 16 ans, qui risque désormais de se transformer de l'aveu même des autorités russes en stagnation.
A trois mois de législatives, Vladimir Poutine a promis aux investisseurs des "changements structurels" et plus de libéralisation de l'économie avec pour objectif d'atteindre une croissance "d'au moins 4% par an".
Venu à Saint-Pétersbourg en "vrai ami" de la Russie, l'ancien président français Nicolas Sarkozy a conseillé au président russe de faire le premier pas en levant son embargo.
"Nous serions prêts à le faire si nous étions sûrs qu'on ne va pas une nouvelle fois nous tromper", a répliqué vendredi l'homme fort du Kremlin au côté de M. Renzi. "Nous devons être sûrs que de telles actions unilatérales soient suivis de pas en notre direction", a-t-il ajouté.
De la Syrie à l'Ukraine en passant par l'Otan, les sujets de discorde se sont multipliés ces dernières années et entamé sérieusement mutuelle, allant désormais jusqu'au sport.
A la tribune du forum, Vladimir Poutine a été invité à s'exprimer sur les questions sensibles du moment: l'Euro 2016 et les violences commises par des supporters russes en marge du match Russie-Angleterre, et le scandale de dopage dans l'athlétisme russe.
Tout en condamnant les hooligans, le président russe a ironisé sur la capacité de "200 supporters russes" à "passer à tabac plusieurs milliers d'Anglais".
Il a également martelé que la Russie ne disposait pas de programme "de dopage organisé par l'Etat", répondant à une accusation formulée en novembre par l'Agence mondiale antidopage quelques heures avant que la Fédération internationale d'athlétisme ne bannissent la Russie des jeux olympiques cet été à Rio.
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