Tous s'accordaient à souligner que le drame va obliger les protagonistes de la campagne pour un British Exit (Brexit) à modérer leurs invectives, et en particulier les attaques contre l'establishment, ce qui est susceptible de les gêner dans la dernière ligne droite avant le scrutin du 23 juin.
Jo Cox, une militante et étoile montante du Parti travailliste (opposition) , a été sauvagement tuée à coups de couteau et par balles jeudi dans sa circonscription de Birstall (nord de l'Angleterre). La campagne pour le référendum a été suspendue jusqu'à samedi alors que les sondages donnent une avance d'une courte tête aux partisans du Brexit.
"Ce drame va avoir un effet apaisant sur une campagne qui a été agressive, avec des conflits de personnes", déclare à l'AFP Wyn Grant, professeur de politique anglaise à l'université de Warwick, en référence aux divisions du Parti conservateur, qui ont vu notamment s'affronter le Premier ministre David Cameron et le chef de la campagne pro-Brexit, l'ex-maire de Londres Boris Johnson.
"Le camp du Brexit va devoir faire plus attention à son langage", enchaîne John Curtice, professeur en politique de l'Université de Strathclyde. "Ils fondaient leur argumentation largement sur le fait que l'establishment disait qu'on ne peut pas quitter l'UE (...) Maintenant ils ne pourront plus diaboliser les hommes politiques. Et cela va réduire les attaques personnelles", dit-il à l'AFP.
Mais pour lui, la suspension de la campagne "n'est pas à l'avantage du camp du maintien dans l'UE, pour lequel chaque heure compte en vue de convaincre les indécis".
- 'Du vitriol dans le débat' -
Pour l'éditorialiste du quotidien conservateur The Times, le "Leave (sortir) a joué sur le ressentiment envers l'establishment (...) La tragédie stoppe net cette narration. Le fait que Jo Cox était une mère de famille et une fonctionnaire dévouée rend caduques les attaques contre la classe politique". Et le journal estime que cela "va sans doute favoriser le camp du maintien" dans l'UE.
Pour le magazine conservateur Spectator, le chef du parti europhobe et anti-immigrés UKip "Nigel Farage n'est pas responsable du meurtre de Jo Cox, ni la campagne Leave. Mais ils sont responsables de la façon dont ils ont présenté leurs arguments. Quand vous encouragez la rage, ne vous étonnez pas que les gens deviennent enragés".
"Il y a du vitriol dans ce débat (du référendum) qui peut être très destructeur", a relevé sur Radio 4 la responsable travailliste Yvette Cooper, ex-ministre du Travail, en déplorant le changement de climat radical par rapport à la joie collective d'il y a quatre ans autour des jeux Olympiques.
Pour les analystes sur les marchés et les investisseurs, clairement, le drame va jouer en faveur du camp pro-UE, et la Bourse de Londres comme la livre bénéficiaient de ce sentiment vendredi matin. La livre s'est ainsi redressé face à l'euro et au dollar, après plusieurs jours de nervosité au vu des sondages.
"L'hypothèse est que ces événements tragiques vont faire pencher les indécis vers un vote pour le maintien et ainsi éventuellement renverser l'avance des partisans d'une sortie", commente Mike van Dulken, analyste chez Accendo Markets.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.