Gilles Vaquier de Labaume a lancé "les ateliers du futur papa" il y a deux ans. "Je suis parti de mon expérience, de ce petit meuble que j'aurais dû accrocher, mais qui a failli tomber sur ma fille", raconte ce père de trois enfants. "Si j'avais eu certaines informations avant sa naissance, le négatif j'aurais pu l'éviter, et le positif le prolonger".
Selon ce désormais titulaire d'un CAP petite enfance après avoir été formateur scientifique dans un groupe pharmaceutique, les mamans disposent sans s'en rendre compte de beaucoup d'informations, avec les affiches des salles d'attente des gynécologues, les récits des amies et surtout la transmission mère-fille. Chez les pères, "il y a une réelle envie de s'impliquer, mais souvent ils ne savent pas comment", explique-t-il.
Avec ces formations d'une journée, organisées par groupes d'une dizaine d'hommes, il a souhaité créer un espace où ils puissent parler librement, "entre gars".
"Si les mamans sont là, ça met trop de pression", confirme François Gyselbrecht, qui a participé à l'atelier en février et est désormais papa d'une fille de deux mois.
Exercices pratiques, conseils..., le but est de ressortir armé: "Changer les couches une ou deux fois sur un mannequin, ça rassure avant de le faire en vrai", témoigne Dimitar Staykov, tout jeune papa.
"Le désir de s'impliquer était ancré dans les papas, mais ils n'osaient pas prendre cette place", constate Eric Saban, pédiatre depuis 25 ans et auteur du "Grand livre des nouveaux papas" (ed. Leduc).
Alors qu'avant, les pères ne venaient qu'une seule fois, lors de la première consultation, "maintenant, ils prennent du temps pour amener l'enfant" lors des rendez-vous suivants, dit-il. "Ils ont compris qu'ils doivent prendre très vite leur place de père, ne pas laisser s'installer un binôme avec la mère".
"Maintenant, ils parlent d'eux-mêmes des angoisses ou des problèmes rencontrés pendant la grossesse", ajoute le Dr. Saban. "Et quand tout va bien, ils s'intéressent beaucoup plus tôt à l'éveil psycho-moteur du nourrisson."
- Une formation qui ne sert pas qu'aux papas -
"On ne retient pas tout", admet Arnaud Machetel, qui a participé à un atelier au printemps 2015 et dont le fils est né en novembre. "Mais ce sont des petites choses qui reviennent au fur et à mesure (...) Ça a été plus naturel, j'ai eu l'impression d'avoir toujours su m'occuper de lui."
Cette formation ne sert pas qu'aux papas: "c'est lui qui m'a montré comment utiliser un mouche-bébé ou tenir bébé dans le bain", raconte Vanessa Guigen, épouse de M. Gyselbrecht.
Pour l'instant, outre des pères homosexuels, les hommes qui viennent sont souvent poussés par leur compagne, leur maman, voire leur belle-mère.
"Mon épouse s'était énormément documentée pendant sa grossesse. Moi, je comptais sur mon instinct", se rappelle Serge Misik, père de jumeaux de 2 ans, qui a participé à l'atelier une fois papa, à la recherche d'aide pour surmonter une période difficile avec ses petits.
"Les premiers mois, quand on n'a pas fait de formation, c'est... je ne dirais pas traumatisant, puisqu'on s'adapte, mais avec cette formation, on peut être plus rassuré", affirme-t-il.
Le temps consacré par les pères à leurs enfants est passé de 22 à 41 minutes quotidiennes entre 1985 et 2010, contre 82 à 95 minutes pour les femmes, selon une enquête de l'Insee sur les emplois du temps publiée en octobre.
Une évolution qui s'explique non seulement par la part croissante de mères qui travaillent, mais aussi par le fait qu'il est mieux vu aujourd'hui pour un père de pouponner. "Les papas sortent du bois", sourit M. Vaquier de Labaume.
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