Après plusieurs jours de combats, les forces d'élite du contre-terrorisme (CTS) et les autres unités irakiennes ont réussi à progresser dans le centre de cet important fief jihadiste situé à 50 km à l'ouest de Bagdad.
Depuis le lancement le 23 mai de l'offensive pour reprendre la ville, les forces irakiennes avaient réussi à encercler totalement la ville et à reconquérir les quartiers périphériques notamment les quartiers sud.
Mais elles peinaient à avancer en direction du centre-ville en raison notamment des mines et engins explosifs placés par les jihadistes et des craintes pour les milliers de civils bloqués avec les jihadistes dans le secteur.
"Les unités du CTS et les forces d'intervention rapide ont repris le complexe gouvernemental dans le centre de Fallouja", a déclaré à l'AFP le général Abdelwahab al-Saadi, le commandant de l'offensive.
Raed Shaker Jawdat, le chef de la police fédérale, a confirmé la progression des forces irakiennes, qui marque une étape importante dans l'opération militaire.
"La libération du QG, le principal complexe gouvernemental de la ville, symbolise le rétablissement de l'autorité de l'Etat" sur la cité, a-t-il ajouté. Le QG est composé notamment de bâtiments du Conseil local, de la police et des services de sécurité.
"Nos forces pourchassent maintenant les éléments de Daech dans le centre-ville", a poursuivi le commandant en utilisant un acronyme en arabe de l'EI.
Les deux commandants ont affirmé que les forces irakiennes avaient fait face à une résistance limitée des jihadistes durant leur avancée dans le centre de la ville.
- Craintes pour les civils -
L'EI s'est emparé de Fallouja, ville de la grande province d'Al-Anbar peuplée majoritairement de sunnites, en janvier 2014, cinq mois avant son offensive fulgurante en Irak qui lui a permis de prendre le contrôle d'autres régions du pays dont Mossoul, la deuxième ville d'Irak dans le nord.
Les forces irakiennes sont aidées dans leur offensive antijihadistes par l'aviation de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis.
Au moins 48.000 personnes ont fui leurs maisons depuis le début de l'offensive contre Fallouja, selon l'Organisation internationale pour les migrations. Mais des milliers d'autres sont restées bloquées dans le centre de la ville, où selon plusieurs ONG les jihadistes les utilisent comme boucliers humains.
Un grand nombre des habitants ayant fui la ville ont trouvé refuge dans des camps à proximité de Fallouja.
"Nous avons un désastre humanitaire à l'intérieur de Fallouja et un autre désastre en cours dans les camps", s'est inquiété jeudi Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), dans un communiqué.
"Des milliers de personnes fuyant les feux croisés après des mois de siège et de quasi-famine ont besoin d'assistance et de soins mais nos stocks seront bientôt épuisés. La communauté humanitaire a besoin de financements immédiats pour éviter un désastre totalement évitable sous nos yeux", a-t-il dit.
L'ONG dit ne pouvoir fournir que trois litres d'eau par personne et par jour, alors que les températures devraient bientôt approcher les 50°C. Elle s'inquiète aussi de l'épuisement de ses stocks de produits alimentaires d'urgence.
- L'EI sur la défensive -
Les civils qui fuient risquent en outre -particulièrement les jeunes hommes- d'être arrêtés à leur sortie par les forces gouvernementales sous l'accusation de collaborer avec le groupe jihadiste sunnite.
Les forces paramilitaires du Hachd al-Chaabi qui combattent au côté des forces irakiennes sont dominées par des milices chiites. Elles ont été accusées par les civils en fuite de toutes sortes d'exactions et le gouvernement a affirmé enquêter sur ces éventuels abus.
L'EI, groupe ultraradical responsable d'exactions terribles et d'attentats meurtriers dans le monde, est également la cible de plusieurs offensives en Syrie, pays voisin de l'Irak, où il occupe de vastes territoires. Il est également sur la défensive en Libye où les troupes progouvernementales tentent de lui reprendre son fief de Syrte.
Mais l'EI garde sa force de frappe en recourant aux attentats suicide qui font de nombreuses victimes.
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