Nées dans les années 2000 aux Etats-Unis, après le passage de l'ouragan Katrina et la crise des subprimes qui ont nécessité des logements d'urgence, ces maisons miniatures en bois, montées sur remorque, ont déjà séduit plusieurs milliers d'Américains. Le concept a rallié des partisans de la décroissance et de la transition écologique, et émerge timidement dans l'Hexagone, où l'on compte au moins une trentaine de ces habitats alternatifs, selon plusieurs constructeurs.
"Ma maison tient dans une chambre!", s'amuse Marielle, qui s'est installée dans le jardin d'un ami, en Bretagne. Ravie d'échapper aux corvées d'aspirateur, la septuagénaire - qui admet la nécessité d'être ordonnée pour habiter une "tiny house" - se félicite de faire "des économies de choses et d'argent, tout en vivant correctement".
"C'est minimalisé mais ça fonctionne", assure le charpentier Bruno Thiery, cofondateur de la société "La tiny house", pionnière en France pour leur fabrication. Depuis sa création, début 2015, quelque 23 mini-maisons de 18 à 25m2 - vendues de 25.000 à 40.000 euros - sont sorties de son atelier de Poilley (Manche), près du Mont Saint-Michel, essentiellement des résidences principales.
Le carnet de commandes est plein jusqu'en avril prochain.
Plus spacieuses qu'une roulotte, plus durables qu'une caravane - qui résiste mal aux intempéries-, les maisons miniatures, limitées à un poids de 3,5 tonnes pour pouvoir être tractées, sont conçues "comme une véritable maison à ossature bois, avec une isolation épaisse assurant un bon confort intérieur", explique Bruno Thiery.
- 'Baluchon' et 'ty-rodoù' -
Et nul besoin de "s'endetter sur 20 à 30 ans pour devenir propriétaire", souligne Laëtitia Dupé, une jeune designer qui a quitté son studio parisien pour autoconstruire sa mini-résidence, baptisée "Baluchon", à Château-Thébaud, près de Nantes.
"C'est une solution d'habitat très économique puisqu'elle consomme très peu d'énergie, et très écologique car on est dans l'objectif de consommer moins d'objets, tout simplement parce qu'ils ne rentrent pas", explique-t-elle.
Une sobriété volontaire qui engendre un sentiment de "soulagement", selon Stéphane Boléat, un charpentier de 28 ans qui a construit à Landeleau (Finistère) une "ty-rodoù" bioclimatique ("maison sur roues" en breton), où il vit avec sa compagne.
"Se délester de tous ces objets, ça redonne une liberté et pour rien au monde je ne repartirai avec tout ce que j'avais dans un appartement classique", raconte le jeune homme qui a, comme Laëtitia Dupé, lancé une société de construction de "tiny houses".
Ce choix d'habitat atteint toutefois ses limites quand la famille s'agrandit et pâtit du flou sur le cadre légal qui, à ce stade, ne le reconnaît pas. Ne nécessitant pas de permis de construire, elles peuvent rester trois mois sur un terrain mais le propriétaire doit ensuite demander une autorisation de stationnement à la mairie.
Outre la résidence principale, les applications des "tiny houses", selon les constructeurs, sont nombreuses: commerces ambulants, gîtes, espaces scéniques, logements d'urgence... "Elles répondent vraiment à cette demande de transition dans nos modes de vie, dans nos modes de consommer, dans nos mobilités professionnelles, parce qu'aujourd'hui les jeunes travailleurs se déplacent énormément", estime Stéphane Boléat, qui se prépare à chercher un nouveau terrain pour sa petite demeure en prévision de la mutation de sa compagne.
En revanche, selon le sociologue de l'habitat Guy Tapie, elles s'adressent "à un segment de population très particulier et très limité", dans un contexte où la tendance reste à l'augmentation des surfaces des maisons individuelles, "passées de 100 m2 il y a 20 ans à 115-120 m2 actuellement".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.