C'est peu dire que le vote du Conseil, le gouvernement de l'instance, est attendu. Une conférence de presse est programmée à 17h00 locales (15h00 GMT) et la question qui sera soumise au vote des 27 membres sera simple: faut-il lever ou non la suspension infligée à la Fédération russe d'athlétisme (ARAF) en novembre 2015 ?
Une question simple pour un vote à la majorité simple, comme un pied de nez à ce dossier complexe, roman noir de l'athlétisme mêlant dopage, corruption et diplomatie sportive jusqu'au plus hauts sommets du pays et de l'IAAF.
La Russie, ses instances sportives et antidopage, a organisé et couvert le dopage dans "son" athlétisme, en rackettant ses propres athlètes et allant jusqu'à corrompre l'ancien président de l'IAAF, Lamine Diack (1999-2015), mis en examen pour blanchiment aggravé et corruption. Avec l'affaire russe, l'athlétisme mondial a plongé dans la plus grave crise de son histoire.
Comme depuis sept mois et l'éclatement au grand jour de la triche, les déclarations, affirmations, accusations et démentis se sont entrecroisés ces dernières heures.
Mercredi, l'Agence mondiale antidopage (AMA), à l'origine du rapport accusatoire, a frappé la première. Avec un document de 23 pages qui dresse le bilan -peu glorieux- de ce qui se passe en Russie depuis sa suspension.
- Contrôles impossibles -
"Des agents armés du FSB (les services secrets russes) ont menacé d'expulser du pays des contrôleurs", a assuré l'AMA dans son rapport, précisant qu'il avait été impossible de mener 736 contrôles antidopage en Russie depuis février 2016, un ratio très important au regard du nombre total de tests complétés dans la même période (près de 3000 depuis novembre 2015).
Au-delà des chiffres, l'AMA dresse surtout le portrait d'un pays qui est loin d'en avoir fini avec la culture du dopage.
L'AMA cite ainsi l'exemple d'un "laboratoire analytique opérationnel" présent sur les lieux du championnat national d'haltérophilie. Il comportait "une centrifugeuse et d'autres équipements d'analyses en action et les sportifs y allaient librement", écrit l'Agence internationale.
De même, "un certain nombre de laboratoires accrédités par l'AMA (et chargés d'analyser les échantillons prélevés en Russie) ont constaté que les boîtes d'expédition contenant les échantillons avaient été ouvertes par les douanes russes".
Jeudi, la Russie a répondu par la voix de son ministre des Sports Vitali Moutko. "Nous avons rempli tous les critères demandés, tous les athlètes sont contrôlés. Que peut-on faire d'autre?", s'est-il interrogé.
Le ministre a par ailleurs dénoncé une "pression constante sur la commission (d'évaluation des efforts) et le conseil de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF)".
Une pression effectivement ressentie par certains membres du conseil... mais dans les deux sens.
Si les athlètes russes devaient manquer Rio, cela reviendrait aussi à priver l'athlétisme, sport olympique N.1, de la deuxième nation au monde dans ce sport, derrière les Etats-Unis. Un choix grave.
- 'Beaucoup de pressions' -
"Il y a beaucoup de pressions, politiques, de toutes sortes, directes ou indirectes dans chacun de nos pays, qui font que certains vont hésiter", explique auprès de l'AFP Bernard Amsalem, président de la Fédérations française d'athlétisme, membre du Conseil appelé à voter et tenant d'une ligne dure à l'égard des Russes.
Mais comme souvent, entre l'intransigeance et le pardon, une troisième voie peut se dessiner.
Elle verrait le Comité international olympique (CIO) adoucir une éventuelle décision négative de l'IAAF, en mettant sur pied de son côté une équipe d'athlètes russes propres, comme il va déjà le faire avec des réfugiés.
Le CIO tient justement une réunion sur les questions d'éligibilité aux JO le 21 juin.
"C'est une option plausible", reconnaît M. Amsalem. "Mais quelles sont les garanties que l'on peut avoir sur les Russes ? C'est un système d'Etat et il est difficile de faire la part des choses. C'est aussi un problème de crédibilité pour notre fédération. Notre image est extrêmement ternie et le seul moyen de la redresser c'est d'être dur", souligne-t-il.
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