La députée europhile, âgée de 41 ans et mère de deux enfants, a été tuée par balles en pleine rue dans ce village de sa circonscription du nord de l'Angleterre, provoquant choc et émotion.
Plus d'une centaine de personnes se sont réunies dès jeudi soir dans l'église Saint Peter's de Birstall pour une cérémonie en sa mémoire.
Au même moment à Londres, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le Parlement britannique, parmi lesquelles le chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn et plusieurs autres membres du Labour en larmes.
"C'était une militante courageuse, et une voix pour les sans-voix. Nous sommes bouleversés par sa perte", a confié à l'AFP Fatima Ibrahim, du mouvement citoyen international Avaaz.
"C'est un traumatisme. C'est le genre de choses qui ne devrait pas arriver", regrettait Mike, 55 ans.
Le meurtre a provoqué la suspension immédiate de la campagne du référendum, qui ne devrait pas reprendre avant le week-end.
Alors que le meurtrier aurait crié "Britain first" ("Le Royaume-Uni d'abord"), les médias s'interrogeaient sur son mobile et n'hésitaient pas pour certains à mettre en cause le ton jugé agressif de la campagne.
Le quotidien The Guardian a dénoncé "un ton brutal qui attise les divisions", jugeant que le meurtre constituait une "attaque contre l'humanité, l'idéalisme et la démocratie".
Le Spectator a blâmé le camp pro-sortie de l'UE. Le leader du parti europhobe Ukip "Nigel Farage n'est pas responsable de la mort de Jo Cox. Et les membres de la campagne du +Leave+ (+sortir+) non plus. Mais ils sont responsables de la manière dont ils mènent leur campagne", écrit-il.
"Quand vous encouragez la rage, vous ne pouvez pas feindre d'être surpris quand les gens deviennent enragés", poursuit l'hebdomadaire.
- 'Au-delà de l'horreur' -
Selon le Southern Poverty Law Centre, un groupe américain de défense des droits civiques, le tueur présumé de la députée britannique était un "partisan dévoué" d'un groupe néo-nazi basé aux Etats-Unis. Tommy Mair aurait dépensé plus de 620 dollars (550 euros) dans des ouvrages de l'Alliance nationale, groupe qui a appelé à la création d'une nation peuplée exclusivement de Blancs et à l'éradication du peuple juif.
"J'ai toujours du mal à y croire. Mon frère n'est pas violent et n'est pas du tout politisé", a pour sa part affirmé au Daily Telegraph Scott Mair. "Il a des antécédents de maladie mentale, mais il s'est fait aider".
Sur Twitter, Alastair Campbell, le conseiller de l'ancien Premier ministre Tony Blair, s'en prenait lui à une partie de la presse.
"Les journaux qui attisent la haine et la colère envers les politiciens (...) préparent désormais une belle nécrologie de Jo Cox", a-t-il écrit.
Le Premier ministre David Cameron, qui a annulé une réunion publique à Gibraltar, a qualifié la mort de Jo Cox de "tragédie". "Elle était une députée engagée et bienveillante".
Jeremy Corbyn a salué la mémoire d'une militante et "parlementaire exemplaire". "Ce qui s'est passé va au-delà de l'horreur", a-t-il ajouté.
Plusieurs leaders étrangers ont eux aussi rendu hommage à la députée, étoile montante du Labour et avocate de la cause des réfugiés.
"C'est une attaque contre tous ceux pour qui la démocratie importe et qui ont foi en elle", a notamment déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
La mort de Jo Cox intervient alors que les derniers sondages donnent le camp du Brexit (ou British Exit) en tête, à quelques jours du scrutin du 23 juin, provoquant la fébrilité dans les salles de marché et l'inquiétude à Bruxelles.
"Ce serait une grosse erreur pour eux et pour nous si le camp du Brexit gagne au Royaume-Uni", a déclaré le président du Conseil européen Donald Tusk.
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