marche blanche a rassemblé jeudi 2.500 personnes en hommage à Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, assassinés par un jihadiste dont trois proches ont vu leur garde à vue prolongée, trois jours après cette attaque perpétrée en plein Euro.
Policiers, gendarmes, pompiers et une foule d'anonymes ont défilé, en silence et en civil, depuis les abords de l'hôtel de police de Mantes-la Jolie (Yvelines), où avait travaillé le commandant Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, et où sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, exerçait en tant qu'agent administratif. Ils ont marché jusqu'au domicile du couple à Magnanville.
Visages fermés, souvent en pleurs: l'émotion dans le cortège était palpable. Devant le pavillon des victimes, la foule compacte s'est recueillie dans un profond silence pendant plus de dix minutes, avant d'entamer spontanément La Marseillaise.
"Je ne ressens pas une forme de peur, plutôt une déception. Mais face aux terroristes, je ne me laisserai jamais faire", confiait un chef d'unité de police parisien.
Jean-Baptiste Salvaing a été tué lundi soir devant son pavillon, avant que le meurtrier, Larossi Abballa, ne prenne en otage son épouse, qu'il a exécutée en présence de leur fils Matthieu, 3 ans et demi, retrouvé indemne mais en état de "sidération".
Le tueur, qui dit avoir prêté allégeance aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI), a été tué lors de l'assaut des policiers du Raid.
Les enquêteurs tentent d'établir s'il a agi seul ou s'il a bénéficié de complicités dans la préparation ou dans l'exécution de l'attaque.
Trois de ses proches, des hommes âgés de 27, 29 et 44 ans, interpellés mardi, ont vu jeudi leur garde à vue prolongée de 48 heures supplémentaires. Deux d'entre eux avaient été condamnés avec Abballa en 2013 au procès d'une filière d'envoi au Pakistan de volontaires pour le jihad.
Les investigations avaient à l'époque mis en lumière "l'engagement religieux radical" de l'un des gardés à vue, et "son rôle particulièrement actif dans le recrutement de candidats au départ", selon une source proche de l'enquête. Lors d'une perquisition à son domicile, une importante documentation jihadiste et un plan de la Seine-Saint-Denis, mentionnant l'emplacement des commissariats de police du département, avaient été retrouvés par les enquêteurs.
L'autre, appellé l'"émir", s'était envolé vers le Pakistan en janvier 2011 où il avait été immédiatement interpellé avant d'être expulsé vers la France trois mois plus tard.
- Se connaissaient-ils? -
Autre zone d'ombre: comment le tireur a-t-il repéré sa victime?
"On ne sait pas encore le pourquoi précis de cette cible-là", a expliqué une source proche de l'enquête.
Se connaissaient-ils dans le cadre de précédentes affaires? Abballa, 25 ans, était connu des services de police dans les Yvelines, où il a toujours vécu et a notamment été condamné à deux reprises pour un vol et un recel, et Jean-Baptiste Salvaing a fait une bonne partie de sa carrière de policier dans le département.
Les enquêteurs espèrent aussi puiser des informations dans le matériel informatique et téléphonique saisi chez les trois gardés à vue, ainsi que dans celui d'Abballa trouvé chez ses parents et dans celui avec lequel il a mis en ligne sa vidéo de revendication depuis le domicile du policier.
Cette attaque jihadiste, en plein Euro de football et alors que le mouvement de contestation contre la loi travail a encore été émaillé de violences, a décuplé le feu des critiques venues de l'opposition de droite.
Accusés de laxisme et de "négligence", Manuel Valls et Bernard Cazeneuve montent régulièrement au créneau pour défendre leur politique de fermeté et balayer les demandes d'instaurer des "centres de rétention" (Eric Ciotti, Nicolas Dupont-Aignan) ou des "camps d'internement" (Laurent Wauquiez).
Pour sa part, Nicolas Sarkozy, président du parti Les Républicains, propose de "mettre tous les détenus islamistes à l'isolement" et "demande la création en urgence d'un service de renseignement des prisons", dans une interview à six journaux européens, dont Le Figaro.
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